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ERNEST ET CÉLESTINE

Délicieux

Célestine est une petite souris qui vit avec ses camarades dans un grand dortoir où, le soir venu, la surveillante leur conte des histoires de Grand méchant ours. Mais Célestine n’a pas peur des ours, et elle viendra même en aide à l’un d’entre eux, affamé…

Adapté des personnages d'une série de 25 albums illustrés pour enfants signés de Gabrielle Vincent, peintre belge décédée en 2000, « Ernest et Célestine » est un joli conte, idéal pour les fêtes de Noël. Cette histoire de fraternité entre deux êtres différents, dont les mondes sont normalement amenés à s'affronter, devrait enchanter les petits et donner du baume au cœur à leurs parents.

Les premières scènes du film posent clairement cette différence. Dans un dortoir immense, la mère supérieure conte aux petites orphelines de sordides histoires de grand méchant ours, son ombre portée sur le mur dessinant une silhouette monstrueuse aux grandes dents. De leur côté, les ours ont peur des souris, seulement acceptées lorsqu'il s'agit de mettre une petite pièce sous l'oreiller en l'échange d'une dent. L'ignorance d'un peuple envers l'autre est donc patente et faite de préjugés tenaces.

Et l'amitié qui naîtra entre Ernest l'ours clown pataud et Célestine la souris téméraire pourrait bien faire évoluer les choses. Doté de différents niveaux de lecture, ce subtil dessin animé franco-belgo-luxembourgeois, sous ses tendres aventures, relaye un discours intelligent sur les a priori, la différence et même sur l'immigration. Ainsi, on notera que les ours rejettent les souris, car ils considèrent qu'elles sont de potentiels envahisseurs, car « Si on laisse en venir une, il en vient mille ». Quant au peuple souris, il entretient de son côté la légende des ours qui les persécutent voire les mangent, histoire de maintenir une séparation bien installé.

En reprenant les principes du dessin de Gabrielle Vincent (l'auteur), Benjamin Renner, rejoint par Stéphane Aubier et Vincent Patar (les fameux créateurs du déjanté « Pic Pic André Show »), ont respecté avec minutie l'univers d'origine, donnant l'impression de croquis animés d'une belle fluidité. Avec des décors aux traits fins, souvent ouverts à la manière d'esquisses, délicatement colorés à l'aquarelle, « Ernest et Célestine » s'offre tel un univers visuel cotonneux dans lequel évoluent deux personnages qui s'épauleront l'un l'autre, malgré leurs différences.

Les enfants seront donc séduits par leurs aventures, de l'intrusion dans le magasin de friandises jusqu'à la course poursuite mêlant des policiers des deux mondes, celui souterrain et celui de surface, celui des rongeurs et celui des hibernants. Les adultes, eux, se régaleront de certaines trouvailles (dont la collecte de dents visant à fournir toute une troupe de dentistes) et de paraboles bien senties, comme celle sur l'incisive devenue valeur marchande dans le monde des souris, ou l'organisation cynique des commerçants ours, s'arrangeant pour d'un côté vendre des bonbons afin de provoquer des caries et de l'autre vendre des dents de remplacement. Finalement, le monde d'« Ernest et Célestine » pourrait bien aider nos chères petites têtes blondes à poser un regard lucide sur le monde des adultes, tout en les encourageant à tendre la main à leur prochain. Que demander de plus ?

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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