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EN MÊME TEMPS

Un concept qui tient bon

Didier Béquet, maire de droite dans une petite agglomération, tente de corrompre Pascal Molitor, maire écolo, afin qu’il accepte de changer son vote en faveur d’un projet de village vacances sur une forêt protégée. Pour cela il l’invite d’abord au restaurant, avant de l’emmener dans un bar à hôtesses, le FMI, où vient d’être engagée Élise (alias Sandra). Alors qu’il s’engagent dans une partie à trois, celle-ci réussit dans le noir, à les coller l’un à l’autre à l’aide d’un pistolet à colle. Difficile alors de se détacher ou de passer inaperçus dans des villages où tout le monde les connaît…

En même temps film movie

Si la symbolique n’est pas des plus légères (un homme politique de droite la bite collé sur le haut des fesses d’un écologiste, histoire de signifier aux extérieurs qu’il l’a « baisé »), on se régale cependant d’emblée de ce concept qui sous-tendra la presque totalité du nouveau film du duo Kervern Delépine ("Effacer l’historique", "Louise Michel"…). Très politique et toujours aussi cynique, le film sort en salles juste à temps pour le premier tour des élections présidentielles et s’intitule "En même temps", détournant avec malice la devise quasi officielle du président sortant, qui souhaitait s’afficher comme n’étant ni de gauche, ni de droite, ou mettant en œuvre des idées venues des deux côtés, ceci « en même temps ». Une manière aussi d’enfoncer le clou sur ce qu’ils pensent du résultat, à l’image de la position de leurs deux protagonistes.

Jonathan Cohen (le roublard et sans scrupule homme de droite) et Vincent Macaigne (l’austère écolo proclamé non parfait) semblent en tout cas s’en donner à cœur joie, prenant visiblement beaucoup de plaisir à jouer de cette position contrainte, et à faire leurs les dialogues écrits par le duo de Groland TV. Des petits surnoms de l’un ou l’autre (les chasseurs appellent l’écolo « le faisan »…) aux critiques hilarantes de l’écriture inclusive (prononcée à l’oral… c’est encore pire qu’à l’écrit) ou du véganisme (le menu « génocidaire »), Kervern et Delépine se payent les sujets de militantismes excessifs à la mode, comme de l’hypocrisie et l’adaptabilité sans limite des politiques, tout en osant une forme souvent originale, les cadrages excluant régulièrement le corps de leurs personnages (voir la scène de dialogue filmée au niveau des pieds le long d’un lit, ou les différents plans du repas au restaurant…).

On rit donc souvent, grâce aussi à quelques répliques bien senties sur le ramadan (« c’est comme la fashion week, on a l’impression que c’est tout le temps »), la sexualité ou la drague balourde (la parabole délicate sur l’os de seiche, la poésie dragueuse bien pourrie face à une ex pas vue depuis 12 ans…), ou des situations stigmatisant le rôle des médias d’infos populistes (ici WC9 !) ou encore la recrudescence des anglicismes. Et même si le concept fait un peu long feu avant une conclusion elle aussi un peu attendue, on ne boudera pas notre plaisir, d’autant que certaines scènes sont sans doute amenées à devenir cultes, tels le karaoké « Hé Bé » ou la chorégraphie policière de prévention contre l’alcool au volant. Enjoy !

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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