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DOULEUR ET GLOIRE

Un film de Pedro Almodóvar

Le cinéma comme vecteur thérapeutique pour un Almodovar bouleversant

Alors que la cinémathèque de Madrid lui consacre une rétrospective, le réalisateur Salvador Mallo décide de demander à Alberto Crespo, acteur avec lequel il s’était fâché 30 ans plus tôt, de présenter avec lui « Sabor« , considéré comme l’un de ses chefs d’œuvre…

Douleur et gloire film image

Avec son nouveau film, Pedro Almodovar boucle une sorte de trilogie inspirée en partie de sa vie, dont les autres volets seraient "La loi du désir" et "La mauvaise éducation". Il fait ici endosser à Antonio Banderas le rôle d'un réalisateur vieillissant, malade éternel (la peinture de tous ses maux au début du film est un délice de cynisme), en perte d’inspiration, à la coiffure ébouriffée grisonnante et aux vêtements évoquant les siens. Affirmant qu'il s'agit une auto-fiction, son nouveau film permet au réalisateur d'évoquer à la fois ses premiers émois, au travers de flashs-back situés à l'âge de six ans, et les personnes qui auront compté (amant, mère...).

Avec un tact immense, sans rien renier de la direction artistique qui fait sa patte colorée, mais en minimisant ici le rôle de la musique, il entame une sorte de thérapie cinématographique, faisant faire ou dire à son personnage des choses qu'il n'a sans pas osées ou pas pu faire ou exprimer dans la vraie vie. D'un contact renoué avec un acteur autrefois méprisé auquel il propose de se réconcilier en co-presentant "Sabor", un de ses classiques, à une discussion pleine de tendresse avec sa mère vieillissante, son scénario exprime de nombreux regrets, de la place trop importante faite à l'œuvre par rapport à l'humain, comme de promesses non tenues.

Si la peinture de la pauvreté est empreinte d’une luminosité toute enfantine, si la scène avec la mère de Banderas ne peut que bouleverser, ce sont sans doute les retrouvailles avec un ancien amour qui terrasseront le spectateur. Synthétisant en quelques minutes, quelques regards échangés, et de tendres paroles, la persistance du désir, mais aussi éloignement de deux parcours, ces moments précieux sont sublimés par deux interprètes d’un naturel confondant. Dénouant quelques nœuds d'une existence bien remplie, son personnage parviendra au final à mieux respirer, sans renier ses excès, ses pulsions ou sa soif de création. C’est un peu ce que le spectateur ressentira lui-même à l’issue d’une projection forte en émotions.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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