DO NOT DISTURB

Un film de Yvan Attal

Pas si culotté que ça

Après un long voyage en Amérique du Sud, Jeff débarque à l’improviste chez son vieux copain Ben. Au cours d’une soirée débridée et alcoolisée, ils décident de se lancer dans un projet artistique audacieux : tourner un film pornographique ensemble, pour un festival américain de cinéma alternatif. Le problème est qu’ils sont tous deux hétérosexuels. La date du tournage approche, auront-ils le courage d’aller jusqu’au bout ?

Neuf ans après « Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfant » et trois ans après avoir participé au film à sketches « New York, I love you », Yvan Attal revient à la réalisation pour un film de commande, adapté d’un long-métrage américain multi-primé (« Humpday », de Lynn Shelton). Mais que les « attalophiles » soient mis en garde : non seulement « Do not disturb » est moins réussi que le modèle dont il s’inspire, mais c’est aussi le film le moins spirituel du CV de son réalisateur. Vendu comme une comédie anti-conventionnelle traitant d’un sujet osé, mettant en scène un casting de qualité, au sein duquel l’acteur le plus successful du moment (Cluzet), il ne dépasse malheureusement pas le statut de gentil divertissement.

En effet, si le duo Cluzet/Attal (que l’on a plaisir à voir grimé en Woody Allen permanenté) fonctionne plutôt bien, et que les seconds rôles sont croquignolets (mention spéciale à l’exubérante Asia Argento), le scénario repose quasiment entièrement sur une attente qui n’en est pas une : celle du jour J dans une chambre d’hôtel, où deux potes doivent dépasser leurs inhibitions pour accomplir un stupide pari. On n'y croit pas une seule seconde, tant l'homosexualité et l'hétérosexualité sont caricaturées, ne laissant place à aucun trouble. Aussi, sous couvert de faire monter la pression, le film s’étire en longueur et comble son manque d’épaisseur par de longs bavardages et des rebondissements prévisibles (la réaction de l’épouse qui apprend ce qui se trame), voire peu crédibles (l’aveu dans la cellule pendant la nuit de garde à vue). Cette attente est d’autant plus inappropriée que le sujet (s’adonner à une performance sexuelle hors norme pour des besoins artistiques) n’est pas aussi transgressif que l’on voudrait bien nous le faire croire. En tout cas pas en 2012.

Heureusement, le film sort parfois de sa platitude grâce à quelques scènes enchanteresses (une chanson de Dalida qui vient rompre un effet de dramatisation vaseux) et quelques répliques bien senties (qui sortent de la bouche des femmes, le plus souvent). Et force est de constater que le comique de situation, sur lequel repose la fameuse scène clé, produit son petit effet. Le mécanisme humoristique est facile, mais le film se libère enfin, offrant un beau numéro d’acteurs et un pur moment de comédie.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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