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DESTRUCTION BABIES

Un film de Tetsuya Mariko

N'est pas "Orange Mécanique" qui veut

Dans le port de Shikoku vivaient deux orphelins : Taira et Shota. Connu pour être bagarreur, Taira, après avoir été lui-même la cible d’un gang, décide de partir vers la grande ville de Matsuyama. Là, recherché par Shota, il se perd de plus en plus dans une spirale de violence…

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L'important, c'est de s'amuser : oui, mais pas n’importe comment. Pour ça, le personnage de Taira utilise la violence, ce qui lui procure un grand sentiment de joie. La violence est pour Taira la seule issue, et la réponse à n’importe quelle demande (même polie) : il ne fait que cogner, et ne prononce quasi aucun mot de tout le film. Dans cette présentation de la violence extrême, rien n'est oublié par le réalisateur, qui essaye d'explorer ce terme dans sa plus grande largeur, alternant de la violence physique avec de la violence plus psychologique. Le film, en se basant sur le fait que la violence procure l’amusement, tire à soi un historique cinématographique fameux, parmi lequel "Orange Mécanique" de Stanley Kubrick.

Toutefois, si le film se veut aussi extrême que ses prédécesseurs au niveau de sa thématique, il n'arrive jamais à sortir de cette spirale de violence, si bien qu'on a plus l'impression de voir une suite de coups interrompue de dialogues, qu'un vrai film. Dans les trente premières minutes, il n'y a que de la bagarre, jamais justifiée. Si cette absence de justification pourrait dessiner, à l'ère de notre société du spectacle, une critique intéressante (qui prend d'ailleurs tout son sens dans la suite du film), celle-ci ne peut sauver ce flot continu et l’impression persistante de ne jamais avancer dans l’histoire. En effet, si on peut encore comprendre cette violence par l’analyse, on ne peut toutefois que déplorer l'absence de psychologisation des personnages (hormis un essai au début avec Taira, pour lequel on ressent le plaisir de la violence quand il sourit, couvert de sang). Si Nana fait des choix plus qu'incohérents, c'est encore la trajectoire de Yuya qui étonne, manquant de profondeur et de temps pour que sa transformation soit crédible.

En faisant de son film une succession de violence, Tetsyua Mariko semble avoir oublié que tout ne peut reposer sur la démonstration de celle-ci. Il semble avoir complètement négligé ce qui aurait pu apporter une certaine profondeur et une certaine crédibilité à son "Destruction Babies" : un scénario plus poussé, des personnages plus recherchés, et une accentuation des phénomènes qu'il esquisse (le fait que les gens associent la violence à la célébrité, l'absence de poursuite, le passé des orphelins...). C’est raté pour cette fois.

Rédacteur également membre du LYF

Valérian BernardEnvoyer un message au rédacteur

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