DE BATTRE MON CŒUR S'EST ARRÊTÉ

Un film de Jacques Audiard

Espoirs d’une autre vie

Tom (Romain Duris), passe son temps à racheter des immeubles qu’il vide de ses occupants pour les revendre ensuite. Ses méthodes ne sont cependant pas très claires, et son père semble l’avoir mis à bonne école. Un soir, il tombe par hasard sur l’agent de sa mère, pianiste de renom, décédée il y a longtemps, qui l’encourage à passer une audition. Tom se remet alors au piano…

Depuis Un héros très discret, et Sur mes lèvres, Jacques Audiard n’était pas réapparu. Et il n’a rien perdu de sa maîtrise et de la fluidité de sa mise en scène, toujours au prise avec une histoire complexe, dans laquelle il ne perd jamais le spectateur. Mais De battre mon cœur s’est arrêté, c’est avant tout un portrait multiple d’un même individu, petit frappe sans scrupule qui vire des squatters à coup de batte de base-ball, fils aimant et protecteur, mais aussi pianiste rêveur à ses heures. Ce jeune homme, tiraillé par ses devoirs, ses habitudes et ses envies, c’est Romain Duris, magistral interprète, qui sort enfin de ses rôles de jeune rebelle séducteur sans le vouloir. Le centre du film, c’est lui.

Filmant près des corps, Jacques Audiard mêle et entremêle les multiples facettes de ce personnage principal, qui fuit une vie pour mieux en investir une autre. Et à la noirceur des scènes de destruction d’immeuble ou autre malversation nocturne de la bande de gestionnaires véreux, succède la lumière des moments de solitude au piano, comme autant de notes d’espoir en une existence autre. La petite musique qu’il installe peu à peu, est faite d’une tension savamment dosée, composée des turpitudes du garçon, mais aussi des pressions successives qu’apportent les autres personnages, du père maître chanteur, au malfrat russe, en passant par les copains peu scrupuleux et les femmes ou maîtresses, influentes. Un film d’une maîtrise absolue.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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