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COMPÉTITION OFFICIELLE

Un trio d’interprètes de haut vol pour une comédie cynique à souhait

Humberto, millionnaire de 80 ans, bien décidé à produire un film qui marquera l’histoire du cinéma, embauchent deux acteurs choisis comme étant les meilleurs, mais à la vision radicalement différente de leur métier, comme de la notoriété. Iván Torres arrive en Taxi. Félix Rivero arrive en décapotable. Tous deux seront dirigés par une réalisatrice à la mode, Lola Cuevas, aux méthodes peu usuelles…

Compétition officielle film movie

Les auteurs de "L’homme d’à côté" et de "Citoyen d’honneur" (délicieuse comédie sur la célébrité, sortie en 2017 et qui valu à Oscar Martinez de recevoir la Coupe Volpi du meilleur acteur au Festival de Venise 2016), Gastón Duprat et Mariano Cohn, retrouvent leur acteur fétiche pour une comédie rythmée, à la fois hilarante et cynique. "Competencia Oficial" (qu’on aurait pu traduire aussi par « concurrence » officielle plutôt que « compétition » en français) met aux prises celui-ci et le nouveau venu Antonio Banderas, avec une réalisatrice habitée, aux méthodes peu orthodoxes, interprétée avec malice par Penelope Cruz, récompensée à Venise pour son rôle dans "Madres Paralelas" d’Almodovar, également en compétition en 2021.

Principalement rythmé par des séances de lectures du scénario, des répétitions ou des exercices, rendus dynamiques par le décor d’un immense bâtiment moderne et par l’inventivité des dispositifs souvent sadiques mis en place par la réalisatrice (une pierre de 5 tonnes suspendues au dessus des acteurs pour leur mettre la pression, emballage dans du cellophane...), le film décoche au passage nombre de flèches visant les métiers du cinéma. Dévoilant les petits trucs de chacun (le menthol pour déclencher les larmes, le blanchiment des dents…), on se dit rapidement, face au flot de mesquinerie et de prétention, comme le déclare d’ailleurs l’un des personnages que « le monde n’a pas besoin de plus d’acteurs ».

Penélope Cruz, Antonio Banderas et Oscar Martinez semblent en tous cas tous trois prendre beaucoup de plaisir à plonger dans ce jeu de dupes, dévoilant les égos démesurés des artistes (Banderas joue dès le début à la remise de prix avec une cafetière, Martinez méprise les foules et les spectateurs abruits...), que le spectateur, qui est quant à lui témoin d’une succession d’enfantillages, d’hypocrisies, de manipulations… Jusqu’au final, particulièrement cynique, montée des marches en bonus, qui enfonce le clou sur le caractère industriel d’un certain cinéma. Jouissif.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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