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LE CLIENT

Un film de Asghar Farhadi

L'influence du regard des autres

Alors que leur immeuble menace de s'effondrer, du fait des travaux dans l'édifice voisin, un professeur et sa femme se voient obligés de déménager. Le directeur du théâtre dans lequel ils jouent tous les deux leur trouve un appartement. Mais alors qu'elle est seule, la femme est agressée sous la douche...

Récompensé à Cannes par à la fois le Prix d'interprétation masculine et le prix du scénario, "Le Client" est le nouveau long métrage d'un auteur iranien habitué aux prix (prix d'interprétation féminine à Cannes pour "Le passé", ours d'or à Berlin pour "Une séparation", entre autres...). Propulsé au firmament du cinéma art et essai mondial, le réalisateur iranien Asghar Farhadi est devenu une sorte de spécialiste dans la dramatisation du quotidien, soulevant, au travers d'une situation d'apparence anodine, nombre de questions morales, interpellant le fonctionnement de sa société, tout en mettant à merveille ses personnages sous pression.

Avec "Le Client" il aborde cette fois-ci le regard de l'autre, les conventions sociales, la pression de l'entourage, mais aussi le sentiment de culpabilité. Mettant intelligemment en parallèle le déroulement de la pièce Mort d'un commis voyageur, qu'interprète son couple de protagonistes au théâtre, et les conséquences d'une agression dont la femme a été la victime, il déroule son intrigue venimeuse, empoisonnant progressivement la vie du couple, comme l'esprit du personnage masculin (Shahab Hosseini, impressionnant de rigueur et de sobriété).

Entre obsession de connaître la vérité, désir de vengeance ou de rendre l'humiliation subie, c'est ainsi avant tout autour de ce qui torture l'esprit du mari que tourne l'habile scénario du film. Doté comme toujours d'acteurs faisant dans la subtilité et le minimaliste, le film questionne une nouvelle fois la morale et le rapport de l'intime au voisinage et plus généralement à la société iranienne. Mettant en scène une femme agressée refusant de porter plainte, le film bénéficie d'une mise en scène sobre, qui traduit l'enfermement progressif des personnages dans leurs certitudes obsessionnelles.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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