Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

BROOKLYN VILLAGE

Un film de Ira Sachs

Regards d'ados

Un acteur de théâtre, entretenu par sa femme psychiatre, apprend le décès de son père. Venu vider l'appartement de celui-ci, il fait la connaissance de la femme qui tient un magasin de vêtements au rez-de-chaussée. Quelques temps plus tard, s'installant dans l'appartement, et alors que leur fils est devenu ami de celui de la couturière, se pose la question difficile du loyer du magasin...

"Brooklyn Village (Little men)", nouveau film de Ira Sachs ("Forty shades of blue", "Keep the Lights On") se caractérise une nouvelle fois par l'apparente simplicité d'écriture du récit. Les situations décrites ici s'inscrivent dans un quotidien plutôt anodin et n'ont pour but que de pointer l'injuste problème de succession impliquant un frère et une sœur, et la propriétaire du bail du magasin située l'étage en-dessous de l'appartement de leur père, récemment décédé. Une situation entraînant des tensions qui rejaillissent involontairement sur les deux adolescents, enfants respectifs du couple en apparence aisé et de cette couturière modeste, devenus des amis inséparables.

Écart de classes sociales, incompréhension des deux adolescents qui se croient victimes et qui ne saisissent pas les tenants et aboutissants de la situation, le film adopte leur point de vue, de manière à montrer la placidité et le caractère réfléchi ou tactique des parents, et pour amenuiser la sensation de tourmente dans laquelle ils sont pris.

Discrète, la caméra laisse les performances d'acteurs s'exprimer, du formidable et trop rare Greg Kinnear ("Pour le pire et pour le meilleur") à l'incandescente Paulina Garcia ("Gloria") s'exprimant ici en anglais, en passant par les deux ados, parfaitement crédibles dans leurs difficultés à s'affirmer et à communiquer avec le monde des adultes. En nous mettant dans le secret de leurs arrangements (faire vœu de silence pour protester...), ce film délicat nous donne à voir leur complicité et leurs espoirs, qui ne pourront naturellement être tous satisfaits. Une œuvre à la fois sensible et juste, toute en s'avérant légèrement amère.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire