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BIENVENUE A SUBURBICON

Un film de George Clooney

George Clooney sous influence des Coen pour une comédie policière irrévérencieuse

Dans la paisible ville de Suburbicon, modèle de ville de banlieue américaine, à l’été 1959, une famille bien sous tous rapport est victime d’un cambriolage doublé d’une agression, qui se termine par la mort de la mère de famille, handicapée. La vie reprend son cours, la sœur jumelle de cette dernière tentant de palier au rôle de maîtresse de maison, alors que le jeune fils s’isole de plus en plus, et que dans le quartier, l’installation récente d’un couple de gens de couleur crée des tensions…

"Bienvenue à Suburbicon" est une sorte de petit cadeau de Noël signé George Clooney, qui affiche rapidement l'influence des frères Coen, ici co-scénaristes, à la fois dans l'enchaînement bien rodé des situations et dans l'humour délicieusement amoral, mais aussi dans la représentation cynique d’une société américaine tiraillée bien plus par la notion de réussite que par celle d’intégration des plus faibles ou des personnes différentes. Car dans cette banlieue en apparence bien sous tous rapports, les sources de danger ne seront finalement peut-être pas celles que le peuple bien pensant des années 50 veut bien montrer du doigt.

Au travers de l'histoire de la disparition d'une femme, agressée dans son salon comme les autres membres de sa maisonnée, sur fond de persécution de la famille afro-américaine installée dans le voisinage, c'est l'hypocrisie de toute une société qui est en réalité mise à nue. La comédie cynique fonctionne à merveille grâce à un casting impeccable, en tête duquel figurent Julianne Moore (dans un double rôle) et Matt Damon, renouant ainsi avec les satires policières chères aux Coen ("Fargo", "No country for Old Men" , "The Barber" ).

Toujours politique, collant à l’actualité d’une Amérique plus que jamais divisée, Clooney préfère le syndrome du loup dans la bergerie, et les personnages borderline, dénonçant au passage les dérives populistes et la facilité de la xénophobie. Son nouveau film vise juste et entretient ses résonances, tout en procurant un véritable plaisir de spectateur, fait de rebondissements, d’impasses réjouissants, pour mieux terminer sur du politiquement plus qu’incorrect.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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