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LA BEAUTE DU GESTE

Un film de Nicole Holofcener

Faire face à ses contradictions

D'un coté, une infirmière et sa soeur, dont la grand mère menace de mourir un jour. De l'autre, un couple d'antiquaires, habitués à vider les appartements des personnes décédées, et qui aimerait bien agrandir leur propre appartement, en achetant celui de la grand mère, voisin du leur...

Sortie en DVD le 1 décembre 2010

La réalisatrice de "Walking and talking" nous propose une sympathique comédie dramatique, qui interroge nonchalamment chacun sur ses rapports à la mort et à la charité. Il est vrai qu'aux États Unis, la charité est une institution, un véritable business, qui permet à bon nombre de personnes de se dédouaner de leurs responsabilités ou de leur mauvais conscience, en filant un peu d'argent à une oeuvre, à une association une fondation, voire directement à une personne dans le besoin.

C'est justement ce qu'a l'habitude de faire le personnage de Catherine Keener (l'antiquaire), loin de manquer d'argent, qui file des billets de 50 dollars aux mendiants qu'elle croise. Mais sa compassion passera-t-elle le cap du bénévolat, quand il faut vraiment partager quelque chose, du temps, des paroles... ceci avec des gens à la marge ? Le scénario gratte ainsi là où ça fait mal, on obligeant le personnage à se retrouver face à ses contradictions.

Mais il n'y a pas qu'avec elle que le script est cruel. Le personnage d'Amanda Peet en prend également pour son grade. Superficiel, friquée en diable, toujours bloquée dans une jeunesse apparente devenue des plus fausses, il sera aussi mis à dure épreuve, au travers de dialogues et sous-entendus bien ciblés. Savoir accepter de vieillir, s'adapter, respecter la mort, être attentif aux fantômes attachés aux lieux, ou ici aux meubles, voilà bien des pistes que le scénario explore avec plus ou moins de profondeur et de réussite.

"Please give" est au final une comédie indépendante qui tient la route principalement grâce à ses interprètes, ses dialogues redoutables, et qui sait mettre le doigt là où ça fait mal, le couple principal devant comme tous les couples, faire face à ses propres égarements, qu'ils soient moraux ou adultères.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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