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BACKSTAGE

Sortir de l’ombre

Lors d’une représentation de danse contemporaine, Aïda est quasiment jetée au sol par l’un des danseurs, Hedi, se blessant alors à l’épaule et à la hanche. Sa participation à la dernière, qui aura lieu le lendemain à Marrakech est incertaine et crée des complications au sein de cette troupe tunisienne. Leur bus prend cependant la route, mais tombe en panne en plein dans une forêt de l’Atlas…

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En nous plongeant dans l’intimité des membres d’une troupe de théâtre tunisienne, dont la tournée se termine au Maroc, c’est au croisement de destins parfois complexes que nous convient Afef Ben Mahmoud, au scénario. Isolés par une panne de leur bus, confrontés à une forêt inquiétante (les bruits du vent, des oiseaux et autres animaux se font rapidement entendre), certains vont devoir prendre des décisions, quant à leur couple, leur rapport à leurs morts ou disparus, leur avenir... Quelques scènes suffisent à introduire l’existence d’une relation entre Aïda et Hedi (les rumeurs dans le bus, quelqu’un qui lâche un « c’est leur histoire »...), ou pour découvrir que Nawel, la metteuse en scène a perdu trace de son mari, en Syrie.

Mais le film, aux aspects fantomatiques lorsqu’il offre des parenthèses dansées en forêt, au fil du périple du groupe, aborde bien plus de sujets : l’enlèvement par les nomades, le kidnapping des civils, la « décade noire » des islamistes, le Covid, chacun semblant avoir gardé ses morts autour de lui. De ce film, où il est aussi question d’apparences et de choix conjugaux, se dégage une certaine poésie et une volonté d’apaisement, que viennent renforcer les apparitions fantomatiques, l’irruption d’animaux symboliques comme la beauté des danses improvisées. La réalisatrice (qui s'est aussi donné le rôle principal) et le réalisateur utilisent à merveille la souplesse des corps, la droiture des arbres, comme l’étendue des ombres, pour composer graphiquement de superbes plans, aidés par une photographie particulièrement soignée.

Il s’en dégage, derrière les souffrances individuelles qui s’évacuent ou s’expriment, une douceur salvatrice et l’espoir de sortir d’une ombre incarnée ici par la forêt comme la nuit. L’impression, comme le titre le suggère, de rentrer dans les « coulisses » de la vie de chaque personnage, avec à la fois bienveillance et recul. Un film qui met également au premier plan deux acteurs phares du Maghreb et du Moyen Orient, Afef Ben Mahmoud ("Amel et les fauves") et Saleh Bakri ("La Visite de la Fanfare" et "Le Bleu du caftan"), dont la finesse de jeu n’est plus à démontrer.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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