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LA VISITE DE LA FANFARE

Touchant et drôle

La fanfare de la police d'Alexandrie débarque en Israël. A cause d'une erreur de consonne, les huit hommes qui la compose se retrouvent dans un village isolé, bien loin de celui où ils sont sensés jouer, pour l'inauguration d'un centre culturel arabe...

Drôle et touchante histoire que celle des déboires d'un chef d'orchestre égyptien bougon et de sa troupe, perdus dans un village du désert israélien. Jouant élégamment sur l'incompréhension des peuples, la lourdeur bureaucrate, ainsi que sur les rapports de méfiance et de séduction entre individus, ce récit cynique fait preuve d'une belle humanité qui lui a valu d'être remarqué au dernier Festival de Cannes où il a reçu le prix de la critique et le coup de coeur de la section Un certain regard.

Doté d'un rythme lent qui sied formidablement au décalage entre les membres de la fanfares, habillé en de ringards uniformes et le milieu dans lequel ils se retrouvent bloqué, désigné comme « la zone » par l'un des personnages, habitué au calme, et à une expression d'une humanité toute intérieure, « La visite de la fanfare » doit beaucoup à un formidable casting. En tête, Sasson Gabai, récemment récompensé aux European Film Awards, joue Toufik. Regard triste et souvent réprobateur, il est le chef d'orchestre de cette fanfare d'une autre époque, et cache magnifiquement un coeur gros comme ça, sous ses airs sévères et choqués.

Face à lui, le jeune dragueur Khaled, interprété par Saleh Bakri vient gentillement troubler l'ordre établi. Tandis que Ronit Elkabetz donne corps à Dina, patronne libérée d'un restaurant, aussi sage que charmeuse et dilettante, qui ne saurait laisser Toufik de marbre, malgré les différences culturelles ou d'âge. Filmant élégamment le malaise (voir la scène de repas chez l'habitant) comme les moments plus intimes (voir le début du « concerto »), Eran Kolirin s'affirme comme un réalisateur à suivre, sachant tisser à merveille le contact humain.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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