Bannière Reflets du cinéma Ibérique et latino américain 2024

AQUAMAN

Un film de James Wan

Une histoire tiède mais une mise en scène rafraîchissante

Pour empêcher une guerre totale entre les Atlantes et les humains, Arthur Curry va devoir, malgré, lui se rendre à Atlantis afin de prétendre au trône et de destituer son demi-frère, le roi Orme, instigateur de cette guerre…

Voici donc le nouvel opus du DC Universe avec "Aquaman", le super-héros probablement le moins connu et apprécié de DC, avec James Wan à la baguette ("Saw", "Conjuring", "Insidious", "Fast and Furious 7"), ce qui pourrait en faire l’un des films du genre les plus intéressants.

Malheureusement, si la mise en scène est impressionnante, l’histoire est, elle, clairement moins brillante. La faute probablement à une volonté de la part de la Warner de faire un virage à 180° quant à la direction artistique de sa saga, à la suite des échecs de "Batman vs Superman" et de "Justice League", en oubliant le côté sombre et freudien de ses personnages et de ses thématiques, pour se rapprocher des divertissements colorés mais sans réel profondeur de son rival Marvel.

En résulte une histoire qui certes fonctionne, mais qui n’est pas très intéressante et surtout semble vue et revue, avec cette transformation du mythe arthurien dont le héros doit retrouver un item qui lui permettra de prétendre au trône, de réunir les différents peuples aquatiques et de défaire son frère qui règne actuellement. À cette relecture un peu cliché s’ajoutent également des défauts d’écritures assez incroyables de temps à autre, comme par exemple l’exposition du trident, complètement artificielle et présente uniquement pour le spectateur, Arthur Curry posant des questions alors que, de son propre aveu et seulement une dizaine de secondes plus tôt, il a déjà entendu cette histoire des centaines de fois. Un autre problème lié à l’écriture est le développement des personnages qui est limité au strict nécessaire, donnant des scènes complètement bâclées, comme les retrouvailles entre Aquaman et sa mère, très vite évincée pour ne surtout pas faire retomber le rythme, là où justement le film en aurait eu besoin.

Malgré tous ces défauts, et bien le film fonctionne bien. Il faut dire que la mise en scène de James Wan est juste dantesque et nous fait vite oublier les effets spéciaux très inégaux (un même effet étant parfois très bien rendu, et d’autre fois complètement hideux). On retiendra en particulier les scènes d’actions filmées avec virtuosité avec une caméra extrêmement libre et littéralement flottante qui capte l’action en plan séquence, aussi bien sur terre, avec par exemple le combat de la reine au début, que dans la mer, avec notamment le duel pour le trône, au cours duquel la caméra tel un poissant dans l’eau, va nous faire perdre les notions de haut et de bas, nous mettant donc dans la peau des personnages sur-humains et sous-marins ; ou encore la séquence dans le village en Sicile qui est juste un pur bonheur pour les yeux. On notera un traitement semblable pour les ellipses qui regorgent toutes d’une grande inventivité.

Un travail tout aussi pointilleux a été apporté aux décors et aux costumes, magnifiés par une photographie tirant à la fois vers le vert, le violet, le turquoise, rappelant assez "Abyss" de James Cameron. On retrouve donc des décors très diversifiés, allant d’une ville high-tech sous-marine avec un blanc immaculé, à une ville antique ensevelie sous le sable du Sahara avec des teintes dorées, en passant par la fosse, lieu sombre et rempli (mais alors rempli) de vils créatures. Concernant le jeu d’acteur, tous arrivent à livrer un jeu plus que respectable, et ce malgré des dialogues pas toujours très pertinents, des tentatives d’humour pas toujours réussies, et un développement des personnages, comme nous l’avons dit plus tôt, très limité.

Pour conclure, si l’histoire est assez bancale et pas des plus passionantes, "Aquaman" n’en reste pas moins un divertissement réussi avec une mise en scène incroyable, des décors majestueux et une photographie hypnotique. James Wan nous prouve une nouvelle fois qu’il fait partie des grands réalisateurs actuels.

Ray LamajEnvoyer un message au rédacteur

À LIRE ÉGALEMENT

Laisser un commentaire