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ANZU, CHAT FANTÔME

Éloigner le malheur

Karin, 11 ans, arrive chez son grand-père, un moine d’une petite ville côtière, avec son père, le bras cassé. Ce dernier, après avoir demandé de l’argent au vieillard, s’en va, lui laissant sa fille. Le grand père demande alors à Anzu, son étrange chat fantôme, doué de la parole, de s’occuper d’elle…

"Anzu, chat-fantôme" est l'adaptation d'un manga signé Takashi Imashiro, qui est le fruit d'une collaboration entre le Japon et la France. Utilisant la technique de la rotoscopie, le film a ainsi été tourné en prise de vue réelle par Nobuhiro Yamashita, pour mieux capturer mouvements et expressions de vrais acteurs, avant d'être ensuite retravaillé en animation par Yoko Kuno, la direction artistique étant assurée par Julien De Man ("La Tortue Rouge", "La Fameuse Invasion des ours en Sicile"). Si les personnages paraissent relativement épurés, entre traits fins et aplats de couleurs, la richesse graphique provient des décors, notamment naturels, travaillés dans le détail, et des jeux de reflets (sur une table, du verre…).

Dotée d’une bonne dose de fantastique, le récit, qui reste assez enfantin, permet d’aborder la question du deuil et de l’abandon, avec des traits d’humour venant de ce personnage de chat âgé de 37 ans, qui aurait donc dû mourir il y a bien longtemps, et qui s’avère aussi têtu que râleur. Un personnage que l’on découvre comme multitâche (il fait des livraisons en scooter, pratique des massages, conduit mais n’a pas le permis…), parfaitement intégré a milieu des adultes, mais qui a surtout le don de voir les esprits, dont le fameux « Dieu du malheur » (un viellard édenté en slip…), qui s’attache à certaines personnes, provoquant leur accablement. Son rôle sera alors autant de prendre soin de Karine, dans sa quête de lien avec un père fuyant, que d’éloigner cette fatalité vers laquelle elle semble se diriger.

Récit d’un passage à l’âge adulte accéléré, "Anzu, chat-fantôme" s’avère attachant par son duo de personnages secondaires (dont ce chat au rire communicatif), accompagné ponctuellement de personnages secondaires déroutants (les « pi-pi » 4 cailles qu’Anzu élève, la grenouille géante…). Il insuffle un humour orienté vers les jeunes enfants, avec le personnage même d’Anzu, aux jeux de mots foireux et aux pets récurrents, comme avec les deux garçons, l’un aux yeux comme des points, l’autre comme des traits, tous deux sous le charme de Karin. Quant à l’adoption de styles graphiques différents, pour représenter un souvenir avec la mère (plus lumineux) ou une rencontre avec elle (des successions de points rouges), elles viennent enrichir un univers aux teintes rassurantes, qui met en avant la chaleur de l’été comme l’amitié naissante entre des êtres.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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