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ANGÉLIQUE

Un film de Ariel Zeitoun

Marquise, soumise, éprise... conquise ?

Belle et insoumise, la jeune Angélique est promise au comte Joffrey de Peyrac, un homme immensément riche et épris d’elle. D’abord réticente envers ce mariage forcé, elle finira par succomber à cet homme. Mais depuis sa plus jeune enfance, Angélique est porteuse d’un secret très embarrassant pour bon nombre de personnes hautes placées à la cour du roi Louis XIV, lesquelles ne vont pas tarder à briser son bonheur et celui de sa famille…

Série de romans rédigés à partir des années 50 par Anne et Serge Golon, la saga Angélique condensait en son sein un grand nombre d’intrigues romanesques et une épaisseur historique qui n’ont jamais cessé de fasciner ses lecteurs, sans oublier son personnage principal de femme forte et autonome, aux prises avec les luttes de cœur et de pouvoir au XVIIème siècle. Si l’on se souvient davantage aujourd’hui de son adaptation ciné par Bernard Borderie en 1964 (qui révéla en son temps le sex-appeal de Michèle Mercier), on ne peut pas dire qu’une nouvelle adaptation cinquante ans plus tard, qui plus est confiée au tâcheron Ariel Zeitoun (à qui l’on doit "Yamakasi" et "Bimboland"… gloups !) sous la surveillance des usines EuropaCorp, avait de quoi nous faire grimper au rideau. On ne s’étonnera pas que le résultat puisse être majoritairement conforme à la plupart de nos craintes. En effet, comme ce fut le cas il y a dix ans pile poil avec "Fanfan la Tulipe" par Gérard Krawczyk, la boîte à Luc Besson se charge à nouveau de transformer un fleuron du vieux divertissement populaire français en film d’époque formaté à l’hollywoodienne, avec tout ce que cela comporte de bons et (surtout) de mauvais côtés.

Une mise en chantier qui se traduit donc ici par une check-list respectée à la lettre : un yes man à la réalisation, une distribution très vendeuse, une reconstitution historique luxueuse et très belle pour les yeux, un découpage séquentiel speedé au max afin de ne pas perdre de temps (le monteur devrait y aller mollo sur la caféine), une narration par conséquent sabordée au profit d’une accélération accrue des enjeux (on sent parfois que le premier montage devait faire une demi-heure de plus) et des situations qui pèsent dix tonnes quand elles ne sont pas juste très mal écrites. Recette connue et prévisible d’un bout à l’autre comme tout produit EuropaCorp digne de ce nom, même si, on l’avoue, tout n’est pas à jeter là-dedans. On pourra en effet sauver le soin apporté à la production design et à la bande-son, tout comme l’élégance de la mise en scène de Zeitoun, usant de mouvements de caméra assez harmonieux. En fait, une certaine motivation se fait ressentir au sein du projet, visiblement salué par un retour positif d’Anne Golon (longtemps déçue par les films de Borderie), sans parler de la très longue gestation du projet (que Zeitoun portait en lui depuis déjà une bonne dizaine d’années).

Sans être extraordinaire, le casting n’est pas non plus à laisser de côté. Si elle ne prétend pas remplacer Michèle Mercier (pari impossible, selon certains), la jolie Nora Arzeneder déborde tellement de sensualité et de glamour que le pari semble gagné d’avance dès le premier quart d’heure. Absolument superbe, il n’y a pas d’autre mot, surtout au détour d’une scène érotique particulièrement chaude et émouvante. A ses côtés, Gérard Lanvin parvient à nous faire oublier Robert Hossein, et tous les autres, de Kassovitz à Sisley en passant par Abkarian, jouent le jeu sans trop se forcer. Tout ce petit monde fait donc plutôt honneur au projet, même si la question reste le même en sortant de la salle : à quoi bon ? Sans être honteux, ce reboot d’"Angélique" ne procure au final rien d’autre qu’un ennui poli, ce qui le rend hélas bien superflu. Le succès sera-t-il pour autant au rendez-vous pour que la deuxième partie, annoncée juste avant le générique de fin, débarque bientôt sur les écrans ? On verra bien…

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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