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AIMER, BOIRE ET CHANTER

Un film de Alain Resnais

Une ode à la vie aux choix esthétiques discutables

Dans le Nord de l’Angleterre, aux environs de York, un couple discute dans son jardin. Le mari, médecin, apprend à sa femme qu’un de ses patients dénommé George n’a plus que quelques mois à vivre. Faisant le rapprochement avec George Riley, elle, qui ne sait pas tenir sa langue, décide d’appeler quelques amis. La nouvelle se répand ainsi, jusqu’à son ex-femme, fraîchement réinstallée dans les parages, avec un homme plus âgé…

Alain Resnais, 91 ans (décédé quelques jours après la présentation du film en compétition au Festival de Berlin), nous propose cette année un nouveau film minimaliste, aux décors de théâtre constitués de grands drapés de couleurs et de parterres plantés ou simulés en structures de carton, assortis de quelques meubles et autres accessoires de jardins. Choisissant de situer son action entre 4 lieux extérieurs, les jardins des trois couples, et celui de la maison du fameux George, qui restera invisible jusqu'au bout du film, il déroule son adaptation de la pièce de théâtre La vie de Riley d'après Alan Ayckbourn (déjà auteur des pièces à l’origine de "Smoking/No Smoking" et "Cœurs"). Et si les décors intriguent par leur sobriété, représentant seulement les façades des maisons, comme autant de vies privées qui restent inaccessibles, hormis par des sortent de fissures qui symbolisent ici les portes vers ces intérieurs savamment gardés secrets, ils sont plutôt plaisants au regard, et accompagnés des bruitages adéquats, permettant de reconnaître rapidement les lieux (cris de paons pour les plus riches, vols d'abeilles pour la lisière de forêt...).

Parlant non seulement de théâtre (les personnages préparent une pièces dont ils vont se servir pour renouer avec leur ami mourant, en l'enrôlant pour un rôle) mais surtout de la capacité de chacun à vivre dans un certain élan, "Aimer, boire et chanter", du nom de la chanson du générique de fin, aborde la question du temps à passer ensemble, des secrets que l'on garde enfouis, des parts de sa vie que l'on occulte, et de la volonté de bien vivre les années qui restent, sans se laisser dévorer par la routine ou les questionnements de couple. Le personnage de George joue d'ailleurs au final plus un rôle de catalyseur, obligeant chacun à se remémorer ce qui fait le lien avec ses « proches », et à révéler des souvenirs, dont il s'agira de tirer le meilleur.

Le film est reparti du Festival de Berlin 2014 avec un étonnant Prix de l'innovation, le réalisateur reprenant ici globalement le principe des décors de "Smoking/No Smoking", et déroutant par certains choix esthétiques, comme l'hideux générique de début, évoquant une mauvaise pub pour produit laitier, les balades de site en site des vues en caméra subjective des chemins ou voies reliant les diverses propriétés, ou pire l'immonde grillage à l'arrière des personnages lorsqu'ils sont filmés en gros plan. Reste que le film vaut surtout pour l'interprétation d'un casting d'habitués, avec en tête le couple formé par Michel Vuillermoz et Caroline Silhol. On en ressort persuadé qu'il faut profiter des petits moments de la vie, savoir laisser ses problèmes au placard dans les moments de joie, et ne regretter aucun moment passé c'est déjà bien.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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