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L'AFFAIRE RACHEL SINGER

Un film de John Madden

L'héritage du mensonge

En 1965, un trio de jeunes agents du Mossad – Rachel Singer, David Peretz et Stephan Gold – réussit à repérer et kidnapper le « chirurgien de Birkenau », un criminel nazi. Mais celui-ci, ligoté à un radiateur dans l’appartement de Berlin Est où ils sont réfugiés en attendant de pouvoir le rapatrier en Israël, réussit à s’échapper, avant d’être abattu dans la cour de l’immeuble. Trente ans plus tard, la fille de Rachel célèbre sa mère dans un livre relatant cet événement. Mais Rachel se montre plus que gênée et Stephan, devenu son ex-mari, débarque l’air grave et lui annonce le retour de David, depuis longtemps absent d’Israël…

« L'affaire Rachel Singer » est l'adaptation d'un film israélien de 2007, encore inédit en France, « La dette », de Assaf Bernstein. Mis en scène par John Madden, réalisateur connu pour le multi-récompensé « Shakespeare in Love », et le romantico cul-cul « Capitaine Corelli » avec Penélope Cruz et Nicolas Cage, le film débute par la version officielle de l'histoire du trio, puis se construit autour d'un flash-back racontant la véritable histoire, celle que le trio a dû cacher, pour finir sur les conséquences de leur mensonge commun et l'opportunité d'un nouveau choix. Contrairement à l'original, trente ans séparent ces deux époques, amenant d'autres dilemmes, vis-à-vis non seulement du peuple israélien, mais aussi vis-à-vis de l'Histoire avec un grand H, et de ceux qui sont devenus des proches.

Le long flash-back qui constitue ainsi la moitié du film ne manque pas de tension, dévoilant à la fois les dessous d'un passage à l'ouest raté, et la nature amoureuse des relations entre Rachel et les deux hommes qui l'accompagne, un chef porté sur la politique et un jeune loup impulsif. Cette véritable histoire, loin de celle contée dans les manuels scolaires et objet de reconnaissance de la part du gouvernement israélien, pose la question de l'individu face à la machine de guerre, du devoir face au poids de la politique, au poids du mensonge. Interprété par un casting impeccable, quelle que soit l'époque concernée, on se demande toutefois pourquoi Wilkinson incarne Marton Csokas / Stephan âgé, alors que d'évidence la ressemblance de l'acteur est bien plus forte avec Ciarán Hinds, qui interprète David âgé (et qu'on voit difficilement, jeune, comme ayant le physique de Sam Worthington). Un choix qui embrouille un peu le spectateur au début du film, pour savoir qui est qui. Dommage.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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