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A PERFECT ENEMY

Un film de Kike Maillo

Affrontement intime

Jeremiasz Angust, architecte polonais, donne une conférence à Paris sur la notion de perfection. Alors qu’il se rend à l’aéroport, une jeune femme hollandaise, Texel Textor, frappe à la fenêtre de sa voiture. D’abord réticent, il demande à son chauffeur de la prendre comme passagère et même de faire demi-tour lorsque celle-ci s’aperçoit qu’elle a oublié sa valise. Ayant du coup raté son avion, il s’installe dans le salon VIP, où elle ne tarde pas à le rejoindre…

A perfect enemy film movie

Adaptation libre du roman d’Amélie Nothomb intitulé Cosmétique de l’ennemi (2001), "A Perfect Enemy" est un polar fantastique signé de l’espagnol Kike Maillo, déjà remarqué pour le film de science fiction "Eva" et pour le polar "Toro". Le voici qui mélange donc les deux genres en question, autour d’un duo que tout semble initialement opposer : un architecte célèbre posé et une jeune femme visiblement perturbée. Celle-ci est en effet bien décidée à l’obliger à écouter ses histoires, affirmant au passage qu’elle a déjà tué quelqu’un. Vraisemblablement sociopathe, le personnage (qui était un homme dans le roman) est sans doute le plus intéressant du duo, interprété par Athena Strates dans un détonnant mélange de tentation, de perversité et de candeur, pour mieux s’opposer au flegme de l’architecte, dont elle va faire craqueler peu à peu la carapace, l’obligeant à se confronter à ses propres démons.

D’apparentes bonnes idées, vraisemblablement créées pour nous amener vers de fausses pistes, en révèlent finalement un peu trop sur l’aspect « irréel » de la situation. Il en va ainsi de la maquette d’une portion de l’aéroport, dont l’architecte serait un des concepteurs, située dans le salon VIP. Dans celle-ci, une étrange tâche rouge évolue, puis certaines situations des personnages eux-mêmes sont évoquées en miniature. Si certains détails nous échappent, il n’est pas finalement si difficile de deviner une partie du dénouement, de par un plan un rien insistant, des hasards étonnants (la présence de la passagère au salon VIP…) ou encore des comportements irrationnels de la part de la jeune femme qui semblent ne déranger que le protagoniste (son incursion dans les toilettes masculines par exemple…). Reste cependant une certaine tension, que Kike Maillo parvient à instaurer, à la fois par l’ambiance créée autour d’un Paris résolument grisâtre, et à coups de souvenirs déformés.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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