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A PERFECT DAY

Une comédie efficace sur l'impuissance des instances internationales

1985, dans les Balkans. Des membres d’une ONG se battent pour dégager le corps d’un homme jeté dans un puits, car celui-ci menace de contaminer la dernière source d’eau potable des environs. Mais les obstacles vont s’avérer nombreux…

L'auteur espagnol remarqué des intimistes "Les Lundis au soleil" et "Amador" retrouve l'humour mordant, moitié désenchanté moitié optimiste, qui fait sa singularité, avec une comédie sur l'enlisement d'un conflit, autour de l'impossibilité d'une ONG à extraire le corps d'un homme mort d'un puits pourtant nécessaire à la survie de la population locale.

Introduisant rapidement ses personnages, un membre actif au caractère volontaire (Benicio Del Toro, exprimant ses propres tortures), un chef des troupes baba cool et lunaire (Tim Robbins, plaisantin en diable), et une jeune idéaliste (Mélanie Thierry, candide et touchante), il les met face à des situations aussi impossibles qu'absurdes, faisant ainsi monter progressivement la tension.

Grâce à ce casting international, Fernando León de Aranoa ose la comédie sur un sujet grave, et expose clairement son point de vue sur l'enlisement d'un conflit, les profiteurs de guerre et surtout l'incapacité des instances internationales à agir. Le traducteur qui accompagne ses personnages principaux qualifie d'ailleurs l'O.N.U. (U.N.) de "United nothing", tant l'absurdité atteint des sommets lors de l'intervention des soldats.

Critiquant des règles de guerre qui ne s'appliquent qu'aux démocrates, le scénario confronte des personnes de bonne volonté à des obstacles aussi rudes qu'inextricables, et forme aussi une critique en creux en passant au crible les motivations personnelles des bénévoles, devenus parties prenantes d'un métier à part entière où l'on construit finalement une carrière ou une vie (ils se croisent d'un conflit à l'autre, tissant des relations...).

Le constat est amer et pourrait décourager les meilleures volontés, et les enjeux de guerre refont surface peu à peu. Reste qu'en faisant réellement exister ses personnages, cette comédie dramatique adaptée du roman de Paula Farias atteint son but : décrire à la fois l'horreur et l'arbitraire, tout en se focalisant sur l'humain qui résiste au milieu. Une comédie réellement décapante, qui prouve que l'on peut rire de tout.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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