9 MOIS FERME
Déni de grossesse et autres complications

Pour faire un bon Dupontel, il faut : quelques scènes gores (comme l’autopsie d’un corps au burin), un soupçon de politiquement incorrect (comme le meurtre d’un vieillard en chaise roulante), une pincée de voyeurisme (comme le visionnage d’une scène de cul depuis des caméras de vidéosurveillance), des personnages profondément antinomiques et attachants, et une pincée de tendresse. Secouez bien, vous obtiendrez un grand film, signé du sieur Dupontel. Et si à cela on rajoute quelques apparitions de guest stars, comme Gaspar Noé en prisonnier aguicheur, Terry Gilliam en prisonnier fou allié ou encore Jean Dujardin en interprète en langue des signes lors d’un JT, on obtient là un vrai moment d’anthologie, qui ravira ses fans de la première heure.
Dans tous ses films, Dupontel semble explorer les relations entre parents et enfants, décortiquant les liens d’amour et de haine qui les unissent. C’était le cas dans "Bernie" ou "Le Vilain". Et dans "9 mois ferme", même si on pourrait croire que l’heure n’est pas encore au règlement de compte entre générations, l’enfant n’étant pas encore né, Dupontel analyse les angoisses et sentiments de rejet que peut ressentir une future mère, face à une grossesse non désirée. Anxiété, sentiment d’oppression, peur du changement, renoncement professionnel, abnégation… la liste est longue pour décrire le panel d’émotions qui passe par la tête du personnage d’Ariane, dont seule la carrière importe. Et puis évidement se pose la question du père : le géniteur (ou le créateur) qui n’est pas vraiment du standard de la juge…
"9 mois ferme" est indéniablement un film 100% Dupontel, qui mêle humour un peu gras ou lourd, et finesse. Encore une preuve de son talent de scénariste et de réalisateur.
Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur