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7H58 CE SAMEDI LA

Un film de Sidney Lumet

Intelligente construction

A 7h58, un samedi matin, un homme encagoulé et armé d'un pistolet pénètre dans une bijouterie familiale de banlieue. Le braquage, débuté dans une certaine nervosité, tourne mal, l'homme est tué et la serveuse tombe dans le coma. Sur le parking, le complice, Hank, flippe et s'enfuit avec sa voiture. Plus tard, il appelle son grand frère, Andy...

Partant d'une apparemment banale histoire de casse sous-traité par ce qui semble pourtant être des professionnels, Sidney Lumet (« Douze hommes en colère », « Jugez-moi coupable ») nous livre un véritable drame familial de l'amateurisme intéressé. Dévoilant un à un les engrenages malheureux de cette histoire qui finira par anéantir la totalité d'une famille à priori unie et bien sous tous rapports, il amène le spectateur au bord de l'écoeurement moral. Comme la nature des liens entre les personnages, les affiliations inattendus et les hasards non prévus dans un plan amateur sont les ressorts qui font basculer les choses, nous ne vous dévoilerons ici rien de plus concernant l'intrigue.

En fait l'intérêt de « 7h58 ce samedi là » réside en deux points. D'un côté son casting impeccable, de Philip Seymour Hoffman, financier dont on pressent les dents longues, à Ethan Hawke, trentenaire paumé et peu courageux, toujours en proie au mépris de ses proches, en passant par Albert Finney, vicéral vieillard à la persévérance peu commune, ou par une figure de dealer fantômatique à la mèche blonde envahissante. De l'autre côté sa remarquable construction, en chapitres nous contant la même histoire, vue par un personnage différent, à un moment différent (avant, pendant ou après le cambriolage), et dévoilant un à un les motivations ou erreurs de chacun. Les transitions, un peu surprenantes au début, ponctuent de manière saccadée et brutale, un film à la tension ascendante, spirale infernale vers un dénouement forcément tragique.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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