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65 – LA TERRE D'AVANT

Un film de Scott Beck, Bryan Woods

« C'était mieux avant »

Lors d’un voyage interstellaire, un vaisseau se crashe sur une planète non répertoriée. Le pilote se retrouve seul survivant en compagnie d’une jeune fille. Ils vont devoir trouver un moyen de s’échapper de ce monde inhospitalier..

65 - La Terre d'avant film movie

Dire que "65-La terre d'avant" était une des attentes de ce début d'année serait un euphémisme. Avec un pitch prometteur et avec Adam Driver au casting, lui qui en dehors de la saga "Star Wars" ne se frotte pas aux films dits de séries B, nous étions assez confiants. Le duo à la tête du projet, Scott Beck et Bryan Woods, est connu pour son travail de scénariste sur le film "Sans un bruit" de John Krasinski (2018) et sa suite (2021). Deux très bonnes surprises en matière de films de monstres, qui jouaient de façon efficace (mais pas toujours cohérente) sur le procédé mis en place : ne pas faire de bruit. On retrouve ici le duo à la réalisation ainsi qu’au scénario. Et on se demande tout le long de la projection ce qui a bien pu se passer sur ce projet pour qu'il en ressorte un produit si terne, sans saveur et aussi ennuyeux.

Car tout ne commence pas si mal et l'auteur de ces lignes s'est efforcé d’y croire. On a d’abord droit à une introduction sur une plage où l'on nous présente le héros et sa famille qu'il va laisser derrière lui pour mener à bien sa mission. Puis nous sommes projetés directement dans le vaisseau, les astéroïdes pointent rapidement le bout de leur nez et l'arrivée de Mills en territoire inconnu nous montre un héros faillible et livré à lui-même. Il serait trop facile de dire que le film dégringole vraiment à partir du moment où Koa (l'autre survivante) est découverte par le protagoniste. Non, hélas cela fait déjà 15 minutes que les failles sont déjà visibles. Une mise en scène scolaire pour ne pas dire fainéante, une musique généraliste au possible et des tentatives de scènes de tensions qui font l'effet d'un pétard mouillé. Car oui, le film de Beck et Woods s'amuse à rejouer la partition du "Godzilla" de Gareth Edward (2014) où, pendant le film, la bête nous était dissimulée, en hors champs ou en bref aperçu afin de créer une attente qui sera récompensée par un climax d'une intensité exemplaire.

En pensant avoir compris le procédé d'une tension qui va crescendo (issu des "Dents de la mer" de Spielberg, première série B élevée au rang de blockbuster estival culte), les deux cinéastes se fourvoient. Mills est dans un marais où des corps flottent à la surface à la suite du crash. Un dinosaure se cache sous l'eau et daigne montrer le bout de sa collerette dorsale en passant dans le dos de notre héros. Nous ne reverrons pas cette créature et ce début de tension installée n'aboutit sur rien. Le procédé se verra répété tout au long du film. Nous promettant l'orgasme jouissif et régressif d'un film de dino où Adam Driver se la joue Adrien Brody version "Predators" (2011), le film ne comble jamais nos attentes. Les dinosaures eux-mêmes ne sont pas mis spécialement en valeur, la faute à des cadrages trop scolaires pour en prendre plein les mirettes ou trop brouillons ne serait-ce que pour comprendre l'action qui se déroule sous nos yeux. Pire, les seules idées de plans travaillés ont déjà été vues ailleurs et en plus impactants (on pense notamment à "Jurassic World : Fallen Kingdom" de J.A Bayona et son T-Rex caché dans l'obscurité).

Et ce n'est pas non plus la faible tentative du long métrage de casser les codes du film de dino qui emportera notre adhésion. Au lieu du simple survival en milieu hostile, les scénaristes et réalisateurs ont eu la volonté d'avant tout nous présenter un drame humain avec les questions encore une fois de deuil et de pardon. Avec comme décor la planète terre d'il y a 65 millions d'années, il y avait matière à en tirer un film au souffle nouveau. Le problème, c'est que les personnages sont des archétypes, ils ne prennent jamais véritablement vie et empêchent toute émotion ou implication. Difficile pour nous, spectateurs, de s'investir dans une histoire au lourd parfum de pathos dégoulinant.

La jeune héroïne, étant d'une peuplade étrangère à celle de Mills, elle ne peut pas totalement communiquer. Procédé simple et qui aurait pu être intelligemment exploité, mais là encore c'est la douche froide. La communication entre les deux personnages ne s'en retrouve pas tant impactée, étant donné que la jeune Koa a décidé de comprendre son interlocuteur quand bon lui semble. En découle une avalanche d'incohérences qui atteint son point culminant lorsque la jeune fille crie le nom de Mills au moment du Climax. Pas une fois le film ne nous montre qu'il s'est présenté à elle en se nommant. C'est l'une des nombreuses erreurs de script du film et celle-ci nous achève. Ne parlons même pas du sac à dos à la Mary Poppins qui est une mallette à facilités scénaristiques. Hormis la première demi-heure, jamais nous n'aurons peur pour nos héros, à qui tout semble réussir. Notons quand même une séquence dans des dédales souterrains avec un Trodon albinos qui donne un faible aperçu de ce que le film aurait dû être.

Méchant, brutal, sec, le film ne l'est jamais. Balourd, redondant et filmé sans envie, voilà le produit fini. On se demande encore comment un acteur de la trempe de Adam Driver a pu se retrouver dans une galère pareille. On attend encore un film avec nos chers reptiles qui saura proposer un grand huit d'aventures, réalisé avec passion et soin comme notre cher Steven Spielberg a su le faire avec son "Jurassic Park" et sa suite, "Le monde Perdu". Difficile de voir ici plus qu’un coup de canine dans l’eau.

Germain BrévotEnvoyer un message au rédacteur

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