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24 MESURES

Un film de Jalil Lespert

Coup de poing

Une prostituée cherche désespérément de l'argent pour satisfaire son manque de drogue. Elle fait la rencontre d'un jeune homme qui vient de piquer dans la caisse de son patron...

Pour sa première réalisation, Jalil Lespert (« Ressources humaines », « Bella Ciao », « Le petit lieutenant ») frappe fort, offrant au spectateur un film choc. Portraits croisés de 4 personnages (une prostituée, un employé croyant, une jeune lesbienne et un joueur de batterie), son film, ainsi chapitré, adopte un ton résolument désenchanté. Terminant chacun de ses portraits sur une scène choc, Lespert imbrique ces destins blessés en laissant peu de place à l'espoir.

Dès la scène d'ouverture, il plonge le personnage de Lubna Azabal, prostituée sous influence, dans un dédale de couloirs, où elle croise des non-hommes qui la méprise. D'emblée, il déstabilise le spectateur, créant le manque d'équilibre par l'utilisation de la caméra à l'épaule et d'une musique composée de guitare saturée. Ainsi, le soulagement ne viendra pas forcément de là où chacun l'attend. Comme dans la vie.

Hormis un scénario malin, Lespert bénéficie également d'un quatuor d'interprètes hors paire. Lubna Azabal est troublante en pute incrédule face à la gentillesse des autres. Chacun retiendra sa déchirante déclaration d'amour à son fils, au téléphone. Benoît Magimel inquiète, tandis que Sami Bouajila cache bien son jeu sous des allures de musicien équilibré. Mais c'est surtout la jeune Bérangère Allaux qui touche, par une force affirmée malgré sa différence et son isolement. Questionnant une nouvelle fois le rapport au père (et à l'enfant), de manière violente et crue, « 24 mesures » interroge aussi sur la foi et la supposée existence d'un Dieu. Un réalisateur en herbe, dont on reparlera nécessairement très vite.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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