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DEAUVILLE 2009 - Le deuil omniprésent

Un sujet plutôt douloureux et réellement concret nous a accompagnés tout au long des séances: le deuil. Le plus simple serait peut-être d'énumérer ces films et vous dire "voilà, tous ceux là parlent de la mort, si c'est un sujet qui passionne votre fort intérieur, foncez !". Mais chose intéressante, à chaque film se cache un réalisateur différent qui apporte sa propre manière d'aborder ce sujet, provoquant ainsi une appréhension différente à chaque séance. Voilà bien notre festival riche en émotions de toutes sortes !

Le premier film que l'on abordera avec simplicité est "Cold Souls" qui évoque le deuil de l'âme. Paul, lassé par son existence, décide de se séparer de cette dernière… En vain. Ici, le deuil est volontaire mais fait face à l'attachement de tout ce que son âme représente et a représenté: le souvenir. Et c'est bien cela ce qui nous rend amer et triste: le souvenir de l'être aimé (au sens général).

Ensuite, "Shrink" représente le symbole du deuil dans toute sa violence. La perte de l'être aimée, avec qui l'homme avait fait l'engagement solennel d'accomplir sa vie quelque soient les épreuves. Ici, on vous arrache de force, contre votre volonté, toute une partie de sa vie et rien ne semble pouvoir vous consoler.

Le très médiocre "The Good Heart" aborde le deuil à la toute fin du film. Dans ce dernier, le deuil est une célébration ; le personnage principal veut rendre hommage au mort qui lui a permis de continuer à vivre. C'est un peu cliché mais réaliste.

David Hollander nous sert également du réchauffé dans "Personnal Effects", la rencontre deux être déchirés qui trouveront réconfort dans le deuil de l'autre (deuil mutuel).

Robbin Williams traverse également cette épreuve dans "World's Greatest Dad" ou "comment transformer le deuil en une mascarade à but lucratif". Ici, le deuil est une manière de faire parler le mort et, accessoirement, de faire jouer, à l'acteur, le rôle de sa carrière. Un grand moment du cinéma dicté par une main de maître.

Dans le troublant documentaire "Boy Interrupted", la réalisatrice Dana Perry revient sur le deuil de l'un de ses fils qui s'est suicidé à l'âge de quinze ans. Un réel travail introspectif et intime à travers lequel toute la souffrance du deuil d'un enfant est palpable.

Et voici la partie délicate du festival. Grand victorieux de Deauville, "The Messenger" est sans doute le film qui "en parle le plus mais qui en mange le moins". Ce long métrage est une multiplication de deuils de familles déchirées par les conséquences de la guerre mais qui se perd dans des histoires secondaires qui finissent par devenir principales. Bon gré, mal gré, il réussit, tout de même, à nous plonger dans l'essence même du sujet. Intensément bouleversant.

Autre gagnant de la compétition, le très honorable "Sin Nombre" dans lequel, le jeune Casper voit sa petite amie se faire tuer à cause du gang auquel il appartient. Il va transformer sa souffrance en rébellion contre l'ordre des "Maras" qu'il a toujours considéré. Ce film analyse le deuil qui baigne dans une soif de vengeance.

Nous retrouvons, et le contraire aurait étonné, le deuil comme esprit de revanche dans le terriblement hilarant "Black Dynamite" : tout fracasser pour retrouver la paix intérieur.

Peut-être pouvons-nous parler de "The Open Road" qui ne traite pas du deuil proprement dit mais de l'avant deuil potentiel ; celui d'une mère se sentant proche de la mort et qui aimerait avoir sa famille autour d'elle pour ses derniers instants afin de les rassurer. Comme pour faciliter l'épreuve ou pour rendre le deuil des proches moins pénible.

Terminons cet article sur du positif avec l'excellent "Wonderful World" qui présente un deuil transformateur, celui qui éveille plus qu'il ne détruit. Ben, à travers sa tristesse et la solitude produite par la perte d'un ami, va finalement changer, à vie, le cours de son existence.

Cette 35ème édition aura donc exploré le sujet dans chacun de ses travers et, encore une fois, avec un même thème, Deauville a su surprendre son public, grâce à une sélection audacieuse et éclectique.

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Jean-Philippe Martin Envoyer un message au rédacteur