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Festival Lumière 2023 : retour sur une soirée unique avec Wes Anderson

17 octobre 2023
Festival Lumière 2023 : retour sur une soirée unique avec Wes Anderson
© Jean-Luc Mege Photography, fournie par le Festival Lumière

On pénètre dans l’auditorium de Lyon comme on pénètre dans le ventre d’un grand vaisseau spatial, comme si le bâtiment à la forme imposante s’était tout droit échappé d’un des derniers films de la trilogie "Star Wars" bientôt projetée à la halle Tony Garnier durant la nuit du samedi 21 octobre. Une fois la porte du sas d’entrée fermée, une horde de bénévoles du festival nous attend pour nous donner des instructions : « Prenez les escaliers jusqu’au dernier étage ». Pas la peine de tenter de descendre avant, la salle est déjà pleine, remplie par des fans Andersoniens, venus en masse pour avoir la chance de voir en vrai le maître du faux, celui qui manipule les images pour produire la plus soignée des rues malfamées comme le plus détaillé des hôtels 5 étoiles.

Un magicien de velours

Enfin, le magicien arrive, tout petit vu de notre dernier étage vertigineux, dans un beau costume en velours vert amande d’une élégance confortable. Le sourire jusqu’aux oreilles devant ce qui doit être un spectacle monstrueusement intimidant, il est introduit par un Thierry Frémaux, aussi à l’aise que s’il était en pantoufles dans son salon. Au programme de ce soir : la projection de "La merveilleuse histoire de Henry Sugar", court-métrage tiré d’une série de quatre épisodes indépendants, diffusé en ce moment sur la plateforme Netflix (et donc projeté de manière exceptionnelle dans une salle de cinéma), un temps de parole puis la vision du "Grand Budapest Hotel" pour clôturer la soirée.

Une série de 4 épisodes

Les histoires de ces épisodes proviennent toutes de nouvelles pour adultes de Roald Dahl dont le réalisateur est un fervent lecteur. Il indique ainsi : « J’ai lu ce recueil de nouvelles quand j’avais 7 ans. Mon frère l’avait trouvé dans une foire aux livres. Il y avait une photo de l’auteur au dos de la couverture dans sa maison qui me donnait l’impression de le connaître. ». Ici, le narrateur en la personne de Roald Dahl, et incarné à l’écran par Ralph Fiennes, occupe une place centrale. La narration fonctionne comme un bâton de relais que se passent chacun des personnages occupant le récit. « Au tout début, je voulais être écrivain. C’est ma rencontre avec Owen Wilson qui m’a donné la force d’aller jusqu’au bout de l’écriture de mon premier scénario. Une fois, on m’a demandé en interview pourquoi je faisais des films sur des gens si dingues ou si bizarres, j’ai répondu qu’ils étaient basés sur ma propre famille ou des amis que je n’avais pas l’impression de trouver bizarres pourtant. Quand j’écris ou je réalise, je ne pense jamais à mon style, mais à la manière dont je vais montrer quelque chose différemment. »

Du temps pour les questions du public

L’interview officielle touche à sa fin, et Wes Anderson a insisté pour utiliser le reste du temps à disposition pour répondre aux questions du public. Sans micro, puisqu’il s’agit d’un moment improvisé, les gens crient leurs questions du premier au dernier étage de l’auditorium, au réalisateur et à son traducteur, tous deux très concentrés. Un jeune homme du dernier rang demande des conseils pour entrer dans le monde du cinéma quand on est un étudiant de 19 ans. « Je ne peux que parler de ma propre expérience, ma chance ça a été ma rencontre avec Owen, être deux c’était une force. Le plus important c’est de ne jamais perdre sa férocité, son envie de faire du cinéma ». Sur ces paroles pleines de bienveillance, on est un peu tristes de voir partir celui qu’on a appris à aimer avant même de le rencontrer. Les lumières de la salle s’éteignent, et "Grand Budapest Hotel" nous fait bientôt oublier notre sentiment de manque, balayé par un enchantement à effet immédiat.

Amande Dionne Envoyer un message au rédacteur
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