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Festival d’Annecy 2020 : Jour 5, le jouissif "Lupin III", le chaos poétique de "Kill it and leave this town" et une autre série de courts

20 juin 2020
Festival d'Annecy 2020 : Jour 5 Un monde de sang
© Un monde de sang - Vier Nev

Avant-dernier jour de cette première partie du Festival d’Annecy en ligne et les choses se précisent en direction d’un palmarès qui s’annonce bien difficile à prédire. La journée commence très fort avec l’épatant "Lupin III : the First", distribué par Eurozoom en décembre prochain, et qui s’annonce comme un véritable cadeau de Noël. Rythmées en diable, ces aventures du fameux descendant d’Arsène Lupin (son grand-père) déjà héros du "Château de Cagliostro" de Miyazaki, mélangent effronterie, malice et humour dans un esprit à mi chemin entre James Bond et Indiana Jones. Rebondissements, énigmes, mécanismes mystérieux sont au rendez-vous, dans une intrigue où voleur professionnel, rivale et amateure rivalisent d’inventivité et de chance. Et comme les scènes d’action sont construites avec un sens aigu du spectaculaire et le personnage est délicieusement goguenard et maladroitement goujat, on en redemande !

Déjà passé par la section Encounters du Festival de Berlin, le film polonais "Kill it and leave this town", projet qui aura mis plus de dix ans à voir le jour, est une expérience mêlant de nombreuses techniques d’animation, nous plongeant dans l’esprit et les souvenirs du réalisateur. Chaotique, le film ne plaira pas forcément à tout le monde, mais vaut indéniablement le détour, ne serait ce que pour la beauté poétique de sa scène finale, vue halluciné sur une baie où des îles ressemblent à des silhouettes de femmes ligotées. À découvrir en ayant l’esprit particulièrement ouvert.

Du côté des courts métrages, le Programme 3 de la compétition officielle aura globalement un peu déçu. Deux films se seront tout de même fait remarquer, "Un monde de sang" ("A Mãe de Sangue", primé Viméo Staff Pick) avec ses superbes volutes blanches sur fonds violet ou noir, mêlant des formes d’homme et femme à des silhouettes de fœtus, transformant notamment avec fluidité des bras en un entre-jambe, évoquant la naissance sous de multiples facettes. Virant à la multitude de couleurs dans sa dernière partie, le film est un véritable délice pour les yeux. "Altötting" aura été la seconde bonne surprise, offrant une certaine vision de la vierge, avec l’aide d’une voix-off évoquant l’enfance du narrateur et son amour pour celle-ci, et des dessins schématiques formant une procession sans fin autour d’une église. Dans ses seconde et troisième parties, un trip dans des tableaux où la souffrance et reine, et une vision de l’union avec la vierge, la couleur et la poésie s’invitent de manière inventive.

Parmi les autres courts métrages proposés "Rebooted", alliance de live et de stop motion, nous fait suivre un squelette ayant joué dans un péplum façon "Le Choc des Titans", contraint de passer des auditions et découvrant qu’un homme avec des capteurs va jouer son rôle dans un reboot. Un petit moment sympathique, aussi drôle que bien amené sur le fond. "Hot Flash" met en scène une présentatrice météo prise de bouffées de chaleur en plein hiver. Mystérieux, le film joue sur le comique de situation, affichant un graphisme assez simple aux dégradés de couleur, dans lequel certaines formes (seins, rides frontales...) sont soulignées par des traits noirs. Quant à "Ja-Folkio", en images de synthèse évoquant là stop motion et photo retravaillées, il met en scène les habitants d’un même immeuble (vieux couple, mère prof de musique et son fils adolescent, femme alcoolique et mari effacé), empreintant des voies joyeuses que l’on n’attend pas forcément.

Avec "Arka", c’est une étrange arche de Noé, soulignant la manière dont une humanité consommatrice à l’excès est en train de sombrer joyeusement, qui est donnée à voir en images de synthèse. "Carrousel", s’il apporte une certaine fantaisie dans la représentation des activités dans un parc clairsemé, entre manège, jogging, lecture et respect de la nature, reste bien obscur alors qu’il allie dessin traditionnel et passages fantasmés en stop-motion avec créatures en feutre. Enfin, "Bela" dans un dessin épuré, nous donne à voir l’altercation entre deux cyclistes d’appartement à l’intérieur d’une villa moderne. Évocation de la « biographie de Béla Julesz, célèbre neuroscientifique visuel hongrois » (ayant inventé les « stéréogrammes à points aléatoires »), il faut sans doute certains points de repères pour en apprécier toute la finesse.

Olivier Bachelard Envoyer un message au rédacteur
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