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INTERVIEW

REQUIEM POUR UNE TUEUSE

Journaliste :
Votre film est un polar, mais qui est dénué de scènes d’action. Le rythme est assez lent, vous prenez vraiment le temps de poser les choses. Qu’est-ce qui vous intéressait dans cette démarche?

Jérôme Le Gris :
Notre intention était de trouver une ligne esthé…

© StudioCanal

Journaliste :
Votre film est un polar, mais qui est dénué de scènes d'action. Le rythme est assez lent, vous prenez vraiment le temps de poser les choses. Qu'est-ce qui vous intéressait dans cette démarche?

Jérôme Le Gris :
Notre intention était de trouver une ligne esthétique et stylistique du polar à la française en s'inspirant beaucoup de ce que font les anglais, notamment de ce que faisait Hitchcock et aussi Agatha Christie. Ce sont pour nous des « guides » très importants. Vous pouvez constater qu'il y a très peu d'action chez Agatha Christie, c'est du polar à suspense très doux et très calme. Nous avons essayé, dès le scénario, d'être dans cette inspiration-là tout en mettant des éléments qui font culturellement partie de notre cinéma, c'est à dire des personnages beaucoup plus réalistes, qui font n'importe-quoi. Les Anglo-saxons n'auraient jamais traité des personnages principaux avec autant de faiblesses, qui font autant d'erreurs. Je pense que c'est notre culture de cinéma d'avoir des personnages un peu bancals, des vrais gens, on va dire...

Journaliste :
Votre film se passe dans le monde du chant, c'était une volonté dès le départ?

Jérôme Le Gris :
Nous voulions vraiment faire voyager les gens dans un univers différent de ce que l'on rencontre tous les jours. Nous avions envie d'isoler l'action dans un lieu hors du monde, un peu hors du temps. L'opéra est un milieu assez étrange, avec des codes, un peu sacré, un peu secret aussi. Vous ajoutez les Alpes, et l’esthétique devient assez particulière.

Journaliste :
Pourquoi avoir justement localisé l'action dans les Alpes, dans un lieu aussi isolé ?

Jérôme Le Gris :
Nous voulions que les montagnes participent à l'enfermement de la scène, sans être étouffantes. C'est un peu la démarche du cinéma expressionniste des années 20 où le décor devait refléter l'état mental des protagonistes. Nous voulions que les montagnes isolent sans étouffer, il fallait donc une quantité de ciel assez importante, mais que les cadres soient quand même coincés par les sommets. Et c'est impossible de trouver cela dans la réalité. Donc nous avons préféré tourner dans le château que nous avions choisi, et pouvoir à la fois choisir l'esthétique du château et rajouter les montagnes graphiquement dans tous les plans. Nous avons donc filmé de vraies montagnes dans les Alpes, puis nous les avons réinsérées.

Journaliste :
Pourquoi avoir choisi « Le Messie » de Haendel comme œuvre musicale principale du film ?

Jérôme Le Gris :
Déjà, c'est une œuvre sur la redemption. C'est le sous-texte, nous sommes peu nombreux à le savoir. Mais surtout, c'est une œuvre baroque colossale que le grand public connaît peu, hormis le « Alléluia . C'est dommage. Pour moi, c'est aussi puissant que le Requiem de Mozart, dans la musique sacrée. Nius avions envie de nous servir de la puissance dramatique de cette musique, et en même temps de la donner à entendre au public non initié à la musique baroque et sacrée. Pour moi, c'est une œuvre très accessible et incontournable.

Journaliste :
Avez-vous écrit le rôle de Lucrèce en pensant à Mélanie Laurent ?

Jérôme Le Gris :
Normalement il ne faut pas le faire, puisqu'à la fin on n'a jamais l'actrice ou l'acteur qu'on voulait au départ. Mais oui, j'avais pensé à elle. Je l'avais déjà rencontrée il y a quelques années sur autre projet qui n'a pas pu se faire, parce que le film était un peu trop ambitieux et cher pour un premier film. Mais elle avait beaucoup aimé le scénario et on s'était vu plusieurs fois. Plus tard, je lui ai proposé ce film-là en me disant que je la connaissais et que je pouvais écrire pour elle. Ça aurait été compliqué de donner le rôle à une autre actrice, même si c'est en général ce qu’il se passe. C'était un très très grand soulagement quand elle a accepté.

Rémi Geoffroy Envoyer un message au rédacteur

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