DOSSIERCourts métrages
COURTS MÉTRAGES : LES FILMS NOMMÉS AUX CÉSAR 2023
Cette année, dix courts-métrages ont été sélectionnés aux César, dans trois catégories différentes, et Abus de Ciné les a vus pour vous. On appréciera la force des propositions, la diversité de ces courts, et le fait que la sélection de cette année mette à l’honneur de nombreuses réalisatrices (et c’est tant mieux, surtout quand on voit qu’il n’y en a eu qu’une parmi les nominations des longs métrages pour la meilleure réalisation et le meilleur film…).
César du meilleur film de court métrage de fiction
"Haut les cœurs" d’Adrian Moyse Dullin : un court-métrage efficace et touchant, qui pose la question des rapports adolescents mais également l’omniprésence des réseaux. On tire un certain réconfort de ce court empreint d’une douceur nostalgique. Toutefois, on peut trouver dans l’histoire un manque d’enjeu, et une identification qui se limitera peut-être à des spectateurs assez jeunes pour avoir grandi ou vécu une partie de leur vie avec les réseaux sociaux.
"Partir un jour" d’Amélie Bonnin : on dit oui au duo d’acteur (Juliette Armanet et Bastien Bouillon), on dit oui à la chanson française et au karaoké, et on dit oui à l’histoire d’amour nostalgique qui se dessine. En bref un court-métrage feel good, sensible et doux que l’on recommande vivement.
"Le Roi David" de Lila Pinell : porté par une actrice (Eva Huault) et un personnage haut en couleur, ce film tient sa force du propos, de la poésie qui se dégage et de la drôlerie des situations. Toutefois, on peut regretter la caricature permanente de l’héroïne, qu’elle quitte à certains moments, mais trop peu pour y croire véritablement.
"Les Vertueuses" de Stéphanie Halfon : un court métrage très beau, tant pour l’image que sur le fond, qui interroge la découverte du corps et de la sexualité d’une petite fille de 9 ans baignant dans un milieu très religieux et conservateur. Une jeune comédienne (Lou Bennett) plutôt juste et touchante, mais certains moments un peu forcés, notamment lors de la scène avec la docteure (incarnée par Olivia Côte).
César du meilleur film de court métrage documentaire
"Churchill, Polar Bear Town" d’Annabelle Amoros : avec une entrée dans le film saisissante, on est directement happé par l’histoire et la situation (la présence des ours polaires près de la ville de Churchill, au Canada). Réussissant à nous tenir en haleine tout du long, les images très graphiques nous laissent le temps d’apprécier les paysages, et la quasi-solennité des évènements. Un joli documentaire, peut-être un peu long toutefois.
"Écoutez le battement de nos images" d’Audrey Jean-Baptiste et Maxime Jean-Baptiste : un documentaire au rythme lent, sur une histoire peu connue et marquante : l’installation de la base spatiale à Kourou. On appréciera la beauté de certains plans, mais on reste moyennement convaincu par l’ensemble.
"Maria Schneider, 1983" d’Élisabeth Subrin : un documentaire puissant, qui parle de cinéma, et qui traite de ce qu’a pu vivre Maria Schneider sur le tournage du "Dernier Tango à Paris". Traitant de la place des femmes dans le cinéma, ce court-métrage documentaire convainc tant par la force du propos que par la proposition formelle, déroutante au début, mais finalement très efficace.
César du meilleur film de court métrage d’animation
"Câline" de Margot Reumont : une jolie animation, presque enfantine, pour un sujet qui est loin de l’être : l’inceste. On apprécie la douceur des images, et la manière dont le propos est amené.
"Noir-Soleil" de Marie Larrivé : un polar lumineux, et un dessin très « comics » pour un court qui fascine et nous entraîne dans cette recherche de la vérité, et le souvenir des siens. Très plaisant à regarder, même si on peut peut-être avoir la sensation de rester sur notre faim.
"La Vie sexuelle de mamie" d’Urška Djukić et Émilie Pigeard : un documentaire animé, et un propos fort qui narre la vie de la grand-mère de la réalisatrice et ses rapports à la sexualité en Europe de l’Est au début du XX e siècle. Un film très touchant.
Rappel du palmarès
Dans les trois catégories, ce sont respectivement "Partir un jour", "Maria Schneider, 1983" et "La Vie sexuelle de mamie" qui ont remporté le précieux César lors de cette 48e cérémonie.