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WHITE BIRD

Un film de Gregg Araki

Eva Green rayonnante en femme frustrée

En 1988, Katrina avait 17 ans lorsque sa mère a tout simplement disparue. Elle se remémore quelques souvenirs de son enfance, lorsque celle-ci jouait avec elle comme avec un chat, en l'appelant « Kat », s'interrogeant du coup sur la signification du choix de son prénom, ou lorsqu'elle est devenue soudain jalouse du fait que sa taille s'affine...

Voici donc le nouvel OVNI signé Gregg Araki, auteur de l’excellent "Kaboom" et de "Mysterious Skin", présenté récemment en compétition au Festival du cinéma américain de Deauville, où les fans semblent avoir été quelques peu déçus. Pourtant son nouveau scénario ne démérite nullement, composant autour de l'absence d'une mère et des souvenirs qu'en garde une fille détachée, en pleine découverte de sa sexualité, un suspense hypnotique à la bande son sympathique (Tears for Fears, The Cure...) et aux personnages décalés (la mère hystérique, la grosse amie noire particulièrement voyante, le copain gay qui serait presque « gros à l'intérieur »...).

Construit à la manière d'un puzzle, découpé en deux époques (1988, année de la disparition, et 1991, une fois la jeune fille entrée à l'université de Berkeley), le film compose le portrait d'une ado libérée, à l'aube de sa vie d'adulte (elle se tape le détective qui enquête sur la disparition de sa mère...), tout en dessinant au travers de ses souvenirs, ses commentaires à sa psy, et ses rêves, le portrait en creux d'une femme au foyer à la limite de l’aliénation. Ceci avant de semer le doute dans son esprit et celui du spectateur quant au réel devenir de celle-ci, la fille décidant enfin, avec le recul, de se forger sa propre opinion.

À la fois réflexion sur l’émancipation des jupes de la mère, et sur la notion d’emprisonnement dans la couple, le scénario nous mène agréablement en bateau, à force de cauchemars enneigés, de séances de psychanalyse, et de parallèles évocateurs que l'on ne dévoilera pas. Et si le twist final mérite le détour, c’est finalement cette confrontation entre une mère absente et excessive, incarnée par une Eva Green speedée, au regard et rire de démente, et une fille dans l'incompréhension, jouée par la star montante Shailene Woodley (découverte dans "Divergente" et absolument formidable dans "Nos étoiles contraires") qui apporte une jolie émotion affleurante.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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