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WE ARE YOUR FRIENDS

Un film de Max Joseph

Une fête bien moins grandiose que prévue…

Cole n’a qu’un seul rêve dans la vie : devenir un DJ reconnu. Avec ses potes, il s’occupe d’organiser des soirées les jeudis pour lui permettre de faire ses preuves. Et c’est précisément durant une de ces fêtes que le jeune homme va faire la rencontre de James Spader, un DJ professionnel. Devenu son poulain, c’est un nouveau monde qui va s’ouvrir au beau gosse…

Finies les sérénades de lycée, Zac Efron passe derrière les platines ! Dans "We are your friends", le beau gosse ne pousse plus la chansonnette mais compte bien faire danser la jeunesse dorée de L.A., titillant sa console pour faire bouger ces corps peu vêtus sur des rythmes entraînants. Parce que son personnage, Cole, a beau avoir un sourire ravageur et des biceps saillants, il en est toujours au même point, zonant avec ses amis la journée et mixant la nuit dans des clubs où personne ne connaît son nom. Mais sa rencontre avec James Spader, un DJ reconnu, va peut-être tout changer et lui offrir cette gloire tant espérée.

Dans ce film qui doit son nom à un titre du groupe français Justice, la caméra sert avant tout à glorifier son protagoniste principal, l’objectif épousant amoureusement les courbes et les muscles de l’éphèbe. Au lieu de développer un véritable propos narratif et de s’inspirer des rythmes musicaux pour transcender ses images, le métrage s’attarde dans la salle de bain de Zac et dans son lit, histoire d’en donner pour leur argent aux jeunes groupies. Parité oblige, le réalisateur optera également pour la même approche afin de dessiner le corps parfait de la belle Emily Ratajkowski, véritable bombe dont un simple déhanché suffit à faire exploser le mercure.

Malheureusement, outre ce défilé de mode, il n’y a pas grand chose à voir dans ce produit plus proche d’un clip que d’un film de cinéma. La faute à un scénario terriblement convenu et attendu, qui se contente d’enchaîner les scènes sans aucune âme et passion. Résultat : aucune émotion ne parvient à ressortir, les personnages demeurant froids voire antipathiques. Surtout, "We are your friends" ne réussit jamais à trouver le ton juste, titubant en permanence entre la volonté de s’adresser à la génération #EDM et celle de toucher un public venant s’encanailler pour la première fois sur des sonorités électroniques. Certaines scènes virent alors complètement à la leçon musicale, tandis que le message didactique s’effacera à d’autres moments pour laisser la folie et la drogue s’exprimer. Le mariage de ces deux velléités n’aura jamais lieu, annihilant considérablement l’effet divertissant de ce film hybride.

Si certaines scènes touchent leur cible et si la bande-son exigeante et léchée permet d’électriser la pellicule, la mise en scène bâclée et les choix esthétiques hasardeux plongent ce film dans un état apathique fatal. Les comédiens font pourtant le job, les décors sont magnifiques, les moyens sont visibles à l’écran, mais il manque ce brin d’inventivité qui aurait pu transformer ce conte musical infantilisant en véritable épopée générationnelle sur fond de dubstep. À l’image de ces musiques que les personnages aiment tant décrier, reprenant toutes le même beat et la même instru, le réalisateur a préféré le marketing et le placement de produits à un véritable objet cinématographique. L’arroseur est arrosé.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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