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WARDI

Un film de Mats Grorud

Un devoir de mémoire animé

Wardi, une jeune palestinienne de onze ans, vit avec toute sa famille dans un camp de réfugiés de Beyrouth. Le jour où son grand-père Sidi lui donne la clé de sa vieille maison en Galilée, elle décide de collecter les témoignages de tous les membres de sa famille…

Wardi dessin animé image

Rien de neuf sur le thème de l’enfant qui explore un passé familial sur fond de guerre ? Ce très beau "Wardi" – projeté en compétition au festival d’Annecy il y a presque un an sous le titre "The Tower" – nous prouve que ça reste une solide possibilité. De la stop-motion pour le présent, de l’animation 2D pour le passé : le double parti pris animé du réalisateur norvégien Mats Grorud fait constamment honneur à la narration mémorielle de son film, visant à évoquer la question palestinienne avec une poésie capable de transcender tout discours politique. Parmi les plus belles perles projetées durant ces dernières années au festival d’Annecy, on peut même trouver un film qui avait déjà fait preuve du même talent, à savoir le très beau "Jasmine" d’Alain Ughetto qui utilisait là encore la stop-motion pour évoquer par l’image et le mouvement les enjeux les plus intimes au sein d’un vaste chaos politique. Avec, en plus de cette démarche, un fond plus que jamais connecté à du vécu : la propre mère du réalisateur a travaillé au Liban comme infirmière pendant la guerre civile.

Le récit se veut donc un vrai hommage, sincère et jamais empesé, à une population attachée à rester toujours au fait de ses origines, de son passé, de son Histoire et de l’histoire de ses semblables, même en ayant tout perdu. Cela rend l’émotion certes assez programmatique au vu d’un sujet universel qui a toutes les chances de viser juste dans le cœur du spectateur, mais jamais Grorud ne force le trait ni le ton. Il reste au contraire digne et bienveillant, ému comme on peut l’être de voir de simples petites marionnettes mettre en pratique la notion de « devoir de mémoire » dans des décors pour le coup très artisanaux.

Guillaume GasEnvoyer un message au rédacteur

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