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LA VIE DOMESTIQUE

Un film de Isabelle Czajka

Femme au bord de la crise de nerfs

Juliette est une mère au foyer dans une banlieue bourgeoise parisienne où toutes les maisons se ressemblent. Elle étouffe de plus en plus dans son quotidien monotone et routinier, et une offre d’emploi pourrait bien lui permettre de respirer à nouveau. La caméra nous invite au milieu de cette journée décisive pour elle…

Une nouvelle fois, Isabelle Czajka s’intéresse aux femmes, et plus précisément à leur rapport avec notre monde actuel. Après avoir capturé l’adolescence nerveuse d’une jeune fille de 17 ans, dans "L’Année suivante", et après avoir confronté une femme fraichement diplômée aux difficultés de la première embauche (pour "D’amour et d’eau fraîche"), la réalisatrice continue d’arpenter la ligne de la vie en s’attaquant, désormais, à une mère de 40 ans. Juliette, un enfant dans chaque main, ne s’épanouit plus dans son quotidien réglé comme du papier à musique, d’autant plus depuis que la famille a emménagé dans une banlieue pavillonnaire.

La caméra nous plonge alors dans une ambiance anxiogène et oppressante, où les êtres sont interchangeables, tous possédant les mêmes voitures, les mêmes maisons et les mêmes idées, les maris portant même les mêmes vêtements. Et alors que tout le monde semble s’amuser dans ces soirées où on parle bon pinard et où on véhicule les clichés sur les minorités ethniques, la protagoniste, magnifiquement interprétée par Emmanuelle Devos, explose, n’arrivant plus à respirer. Par une mise en scène chirurgicale, la réalisatrice pointe la vacuité d’une existence millimétrée, juxtaposant différentes saynètes pour dénoncer une certaine réalité.

Subtilement, la cinéaste nous enferme dans la même illusion bourgeoise que ces femmes, sans pour autant multiplier les artifices. Si le scénario insiste parfois trop lourdement sur les situations pour surligner maladroitement le propos, "La Vie domestique" demeure un drame fort où l’obsession du temps et les non-dits sont bien plus parlants que de longs dialogues. Porté par un casting parfait qui consacre définitivement Emmanuelle Devos comme l’une des plus grandes actrices françaises, le métrage tient ses promesses de version dépressive de "Desperate Housewives", le spectaculaire et les incohérences en moins. Et mêmes les quelques approximations scénaristiques seront vite oubliées.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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