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VICE

Un film de Adam McKay

Christian Bale brille et s’amuse dans cette récréation satirique

Après avoir rejoint le secteur privé, rien ne prédestinait Dick Cheney à revenir sur le devant de la scène politique. Mais une invitation de George W. Bush suffira à le convaincre d’accepter le poste de vice-président des États-Unis. Et par la même occasion, de devenir dans l’ombre, l’un des hommes les plus puissants de la planète…

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A priori, "Vice" est une œuvre archétypale de la course aux Oscars : un sujet qui permet à l’Amérique d’affronter ses maux tout en épousant la forme prisée du biopic, un casting prestigieux et une transformation physique spectaculaire pour un spécialiste du genre, Christian Bale. Mais dès le carton initial, nos préjugés seront balayés. La raison principale se résume en un nom : Adam McKay. Ancien expert des comédies potaches, le réalisateur avait déjà mis son sens de l’humour au service d’une critique virulente, à savoir celle du monde de la finance dans "The Big Short". Reprenant les mêmes fantaisies scénaristiques, son amour pour les dialogues acerbes et un cynisme jouissif, le réalisateur développe ici un pamphlet en règle contre Dick Cheney, présenté comme un alcoolique gourdiflot devenu un homme bien trop puissant pour que les conséquences de ses actes ne soient pas dramatiques.

Retraçant quarante ans de la vie de ce politique plutôt méconnu de notre côté de l’Atlantique, mais qui fut notamment le vice-président de George W. Bush durant ses deux mandats, "Vice" est une satire jubilatoire et irrévérencieuse. Grand responsable de l’invasion en Irak et homme de l’ombre d’une administration qui multiplia les écarts moraux et éthiques, Cheney est transformé en une marionnette comique dont l’absence de charisme contraste avec une position toujours plus élevée dans l’organigramme étatique des États-Unis. Dynamique et divertissant, le film s’amuse de ses protagonistes pour vulgariser les arcanes du pouvoir américain, tout en ne cessant de nous rappeler cette question : comment un tel « crétin » a-t-il pu atteindre de tels sommets ?

Évidemment, le métrage ne cache pas ses partis-pris idéologiques et ne fait qu’effleurer la complexité des problématiques posées pour privilégier ses ressorts caustiques. Si cela pourra en rebuter certains, ces choix ne sont en aucun cas une faiblesse mais l’incarnation d’une volonté claire : s’appuyer sur une structure accessible au plus grand nombre pour démontrer la folie et la bêtise d’une poignée d’humains dont les décisions ont malheureusement engendré de terribles résultats. À ce titre, "Vice" s’affirme comme un modèle, un drame dont le rythme effréné, l’inventivité formelle et l’ironie piquante lui permettent de divertir sans jamais oublier ses velléités premières. Et en plus, cette entreprise permet aux acteurs de se régaler, Christian Bale et Sam Rockwell en tête. Comme quoi, le "Vice" peut avoir du bon.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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