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VENDREDI SOIR

Un film de Claire Denis

Un festival de sensations

Une femme (Lemercier) prépare ses derniers cartons. Demain elle emménage chez son ami. Un peu mal à l’aise car elle quitte un lieu cher pour l’inconnu, elle se retrouve coincée dans un embouteillage géant dû à la grève des transports en commun. Charitable, elle accueille un piéton (Lindon) dans sa voiture…

Si le nouveau film de Claire Denis ('Beau travail', 'Trouble every day') est si réussit, c'est qu'il s'attache uniquement aux sensations. Dans l'appartement, la caméra frôle les textures, celles du mur, du sol, d'un lit… On sent le territoire intime, presque les odeurs que l'héroïne va quitter, un peu à contrecœur. Dans la rue, tout n'est qu'agression, inquiétude, les voitures et les piétons entre eux aussi dans un drôle de bal, se frôlant, se rejetant… La réalisatrice filme au plus près des corps et des surfaces. Les bruits les plus infimes sont magnifiés.

Le spectateur, pour peu qu'il se laisse aller à ce déluge de sensations, fera corps avec cette femme, consciente des risques de son changement de vie, et qui s'offre des instants rassurants. L'homme est ici synonyme de sécurité, de robustesse, mais aussi de danger. Tout à coup, le rythme s'accélère, les lumières deviennent des traits lumineux. L'homme a pris les rênes, il guide et choisit sa trajectoire. La femme hésite entre une domination à la fois rassurante et inquiétante et une fuite éperdue. Cela faisait longtemps qu'un film n'avait pas donné tant à sentir ou ressentir. Ceci est assez rare pour être signalé.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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