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UNITED PASSIONS

Gros carton rouge cinématographique !

Au début des années 1900, une bande de jeunes passionnés du football rêve de créer une Fédération Internationale pour ce sport. Le film nous plonge alors dans ce songe devenu réalité, des débuts de la FIFA jusqu’à notre époque contemporaine. À travers cette organisation et la Coupe du Monde, c’est une grande partie de l’Histoire du football moderne qui nous est contée.

Sortie en VOD le 03 juillet 2014

Lorsque nous avons appris qu’un film sur la Fédération Internationale de Football Association (FIFA) était en préparation, notre curiosité fut rapidement titillée, d’autant plus en cette période où l’organisation est plus contestée que jamais. Entre les controverses sur la Coupe du Monde au Brésil et les soupçons de corruption pour l’attribution de la compétition au Qatar en 2022, on espérait que cette dimension politique prendrait le pas sur le ballon rond, ou tout du moins, qu’elle serait évoquée. Mais nos espérances resteront malheureusement lettre morte, et c’est un énorme nanar, quasiment anachronique de par la ringardise d’une mise-en-scène qu’on pensait appartenir au siècle dernier, qui nous est livré, les clichés et les dialogues ridicules en suppléments.

Certes, notre espoir était peut-être dû à une certaine naïveté, en particulier lorsqu’on regarde la filmographie de Frédéric Auburtin, multirécidiviste du navet, à qui l’on doit notamment "Sans Antonio" et "Envoyés très spéciaux". Cependant, il faut bien reconnaître que le casting donnait envie, Gérard Depardieu et Tim Roth en tête. Mais leur talent ne changera rien, le film multiplie toutes les lourdeurs possible et imaginables, au point qu’on se demande bien comment ceux-ci ont pu se faire convaincre de participer à cette mésaventure. À peine digne d’un téléfilm d’une obscure chaîne du câble, le métrage enchaîne les séquences sans intérêt, d’une vacuité abyssale.

"United Passions" nous dresse alors un portrait idyllique d’une FIFA sur plus d’un siècle par le biais de réunions barbantes et interminables, entrecoupées de quelques séquences de football afin de réveiller les amoureux du ballon rond. Toutefois, le film a le mérite de nous faire voyager aux quatre coins de la planète, permettant aux spectateurs de s’évader quelques instants de ce florilège de répliques grotesques et situations parodiques. Démodé et caricatural, le film, d’une redondance soporifique, ose même nous exhiber une partie de football entre enfants de toutes les origines possibles, afin de nous montrer que maintenant, grâce à ce sport, tout le monde s’aime. Et bien évidemment, c’est une fille qui va marquer le plus beau but, parce que les filles aussi peuvent jouer au football. C’est fou tout ce qu’on apprend grâce aux scénaristes…

Au lieu de nous plonger dans les méandres de cette fédération, où le lobbying est devenu monnaie courante et où les enjeux sont considérables, le film se contente d’une succession de portraits fades et sans envergure, nous exposant tous les individus ayant œuvré pour son développement. Et à chaque fois que la caméra allait s’immiscer en coulisses et évoquer certaines polémiques, le cinéaste se contente d’une approche superficielle, pour ne surtout pas politiser son propos et rendre enfin attrayante sa réalisation. La sanction est sans appel, le carton rouge est inévitable pour une telle offense au cinéma.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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