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UNE FEMME HEUREUSE

Un film de Dominic Savage

Une lente agonie parfaitement retranscrite

Tara, jeune femme au foyer vivant dans la banlieue de Londres, passe son temps à s'occuper de ses enfants et de sa maison. Prise d'un profond mal être, elle peine à communiquer et faire preuve de proximité avec son mari, accaparé par son travail. Peu à peu s'éveille en elle le besoin d'autre chose, de sortir, et pourquoi pas, de suivre des courts d'art...

Quand la routine prend le dessus, écrasant toute initiative et toute liberté, celle-ci peut certainement vous tuer, à petit feu. C’est cette sensation d’étouffement qu’a tenté de traduire Dominic Savage, réalisateur de ce saisissant et glaçant portrait de femme ne pleine agonie. Porté par la prestation subtile de Gemma Aterton ("Gemma Bovary", "Tamara Drewe"), le film charrie un indicible spleen, accompagné d’une douce musique propre à symboliser l’engourdissement dont semble atteint le personnage, incapable de s’intéresser à ses enfants ou à son mari.

Filmant près des corps lorsque l’intimité l’exige, et traduisant ainsi l’oppression qu’éprouve cette trentenaire en quête d’une issue, le metteur en scène tâche également de montrer la difficulté de communication d’une sensation devenue presque irrationnelle. Sorte de Madame Bovary des temps modernes, Gemma Aterton, mère au foyer, trouve en face d’elle un mur d’incompréhension, ici personnifié par Dominic Cooper ("The Devil's Double", "Une éducation"), dont la sensualité est doucement exacerbée, comme pour contrecarrer une fuite annoncée. Leur face à face relève étrange de l’absence au sein d’un film dont la tristesse et la dureté n’ont d’égales que l’élégance et la simplicité des respirations dans de salvatrices petites échappées.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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