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UN MONSTRE À PARIS

Pari réussi dans un Paris enchanteur

Émile est un timide projectionniste d’un cinéma de quartier. Accompagnant régulièrement son ami Raoul lors de ses livraisons dans le Montmartre de 1910, il se retrouve en sa compagnie dans une serre du Jardin des plantes. Accueillis par un singe muet dénommé Charles, gardien des lieux en l’absence du professeur botaniste, ils se faufilent à l’intérieur et découvrent toutes sortes de potions. Mélangeant par mégarde celle qui fait grandir et celle qui donne une voix voluptueuse, ils donnent naissance à un monstre, puce géante capable d’effrayer tout le monde, mais aussi de chanter comme personne…

L'un des trois réalisateurs de « Gang de requins » et « La route d'Eldorado », nous revient, seul aux commandes d'un dessin animé français des plus originaux, charmante histoire d'amours contrariées et de différence, située dans le Paris de 1910. L'occasion pour un scénario lorgnant clairement vers le fantastique et évoquant de manière lointaine Jack l'éventreur, de s'adosser à un discours politique, en mettant en évidence l'utilisation de la peur par des politiques plus avides de pouvoir que réellement intéressés en la résolution des problèmes. Toute ressemblance entre le Préfet Maynott et un ancien Ministre de l'intérieur devenu président ne serait sans doute que pure coïncidence.

Bibo Bergeron plante ainsi le décor de son inquiétante histoire dans un Paris inondé, faute de drainage des eaux et de pluies incessantes, permettant un final sur une tour Eiffel les pieds dans l'eau. Il n'en déclare pas moins son amour pour la ville lumière, montrant nombre de détails, des serres du Jardin des plantes aux innombrables toits de la ville, en passant par l'inauguration du funiculaire de Montmartre. Amour qui se concrétise d'ailleurs au travers de l'une des chansons du film, « Papa Paname ». D'amour, il est également question au niveau du scénario, celui-ci mettant en parallèle deux romances contrariées, celle d'un projectionniste, Émile, complexé par sa petite taille et coincé, qui n'ose déclarer sa flamme à une ouvreuse, et celle de Raoul, livreur, toujours maladroit avec son amour d'enfance, la jolie Lucille, chanteuse au cabaret « L'oiseau rare », agacée par son comportement.

À cette fine équipe s'ajoute un personnage secondaire délicatement amusant, Charles le singe muet, muni de son béret et de ses multiples cartons lui permettant d'exprimer ses émotions. Quant à la puce géante, une fois passée la surprise de l'entendre chanter sa complainte (pointant très justement qu'elle est un monstre à part... « Un monstre à Paris »), puisqu'elle ne sait sinon qu'émettre quelques sons ou crissements, elle nous entraîne dans la danse, se joignant, déguisée, au spectacle de la belle Lucille. L'occasion pour Vanessa Paradis et M de s'en donner à cœur joie, composant une B.O. enivrante, que le distributeur a eu la bonne idée de mettre en avant en organisant un mini-concert retransmis à la suite des avant-premières dans les salles. Sans être une comédie musicale, « Un monstre à Paris » est un dessin animé rythmé made in France, sachant marquer sa différence, tout en offrant un amusant divertissement.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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