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UN HOMME PERDU

Un film de Danielle Arbid

Curiosité mal placée et voyeurisme d’un photographe

Un photographe français croise le chemin d’un homme mystérieux à la frontière jordanienne. Fuyant visiblement quelque chose ou quelqu’un, il va décider de l’aider en le prennant comme interprète…

Thomas, un jeune photographe français en voyage au proche orient, va croiser la route de Fouad, un homme au regard sombre, qui se fait arrêter pour avoir oser serrer une femme dans ses bras à la frontière jordanienne. Intrigué par ses gestes et sa pudeur, Thomas décide de suivre cet individu au passé visiblement lourd, afin de satisfaire sa curiosité et d’avoir une compagnie, voire un complice, dans ce pays où son travail de journaliste l’isole.

Il n’informera pas Fouad du type de photo qu’il réalise (il se photographie avec des prostitués en train de faire l’amour), et espère pourtant l’utiliser comme modèle. Là, le choc des cultures de ces 2 hommes se fera sentir, attisant haine, colères et trahisons.

Le parallèle entre les deux vies des 2 antagonistes est assez troublant bien qu’elles soient très différentes : l’un fuit son pays et sa famille pour vivre une sorte de fantasme artistique, l’autre fuit sa famille, son pays et la police pour un crime perpétré 20 ans auparavant. Finalement ces 2 hommes se retrouvent dans cette solitude et sa brutalité, dans un monde où les rapports humains sont dénués d’amour ou de compassion, pour en faire des animaux, des prédateurs. Et cela offre un rôle sur mesure à un Melvil Poupaud au regard perçant et toujours très félin dans sa gestuelle.

Inspirée par la vie d’Antoine d’Agata, Arbid nous emmène au proche orient, dont elle est originaire, souhaitant nous montrer les limites de la culture qu’elle a souhaité fuir, comme ses personnages. Là s’arrêtent les comparaisons entre la réalisatrice et ses personnages, ainsi que l’intérêt qu’on pourrait porter à ce film.

Les nuits sombres, les bordels, et les hôtels miteux, dans lesquels évolue le photographe n’ont rien de beau ni de laid. Ils sont filmés avec une banalité exemplaire, la réalisatrice ne souhaitant sûrement pas se les approprier. La relation entre les 2 hommes frôle l’ennui, tout autant que les scènes de sexe (et non d’amour)… Un film creux, dont on ressort indifférent face à la vie de punk qu'expérimente ce photographe.

Véronique LopesEnvoyer un message au rédacteur

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