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UN CHÂTEAU EN ITALIE

Le charme discret de la bourgeoisie

À la sortie d’un couvent, où elle s’était retirée quelques jours pour trouver un sens à sa vie, Louisa croise Nathan, un jeune acteur alors en tournage. Le coup de foudre est immédiat mais Louisa doit conjuguer cet amour naissant avec la maladie de son frère et les problèmes financiers de sa famille…

Comme Louisa, son héroïne, Valeria Bruni Tedeschi s’était retirée du monde du cinéma. Est-ce par choix comme son personnage ? Néanmoins son retour derrière la caméra est pour le moins introspectif. Quasiment autobiographique, la réalisatrice revient sur les déconvenues de sa riche famille face aux dépenses démesurées que demande l’entretien de leur château en Italie. Comme Valeria alors, Louisa est à un tournant de son existence, son frère tant aimé souffre du sida, et à 43 ans elle fait la rencontre d’un jeune acteur de 20 ans son cadet (Louis Garrel lui-même), qui rechigne à lui offrir le bébé qu’elle désire depuis si longtemps.

Cyclothymique, le tempérament de Louisa oscille entre exaltation et mélancolie. Face aux épreuves qui lui sont imposées, elle s’éparpille tous azimuts. Pour avoir l’enfant si attendu, elle tente la fécondation in vitro, mais aussi le mysticisme loufoque en forçant les portes d’une maison napolitaine pour s’asseoir de force sur la chaise d’une sainte réputée pour ses dons de fertilité. Cette attitude autant responsable que fantasque est une histoire de famille. Héritière d’un passé autrefois glorieux, Louisa entretient avec son frère et sa mère, une relation passionnelle où les problèmes se règlent aussi bien dans des conseils d’administration qu’autour d’une vierge Marie ou d’un châtaignier centenaire.

La fusion presque charnelle qui unit ces trois personnages atypiques peut parfois déconcerter et desservir quelque peu ce récit haut en couleur. Néanmoins on se laisse aisément porté par les turpitudes existentielles de Louisa. Plutôt bien maîtrisé, le film s’adapte au caractère imprévisible de son héroïne tout en gardant une certaine ligne de conduite. On rit beaucoup et certaines scènes sont assez touchantes comme cette belle rencontre entre Louisa et Nathan. Une écriture aérienne qui résulte d’une belle collaboration avec Noémie Lvovsky dont on reconnaît bien la patte scénaristique. "Un château en Italie" n’est peut être pas un monument du cinéma, mais son style naïf et baroque mérite d’être visité.

Gaëlle BouchéEnvoyer un message au rédacteur

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