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LES TROIS CORNIAUDS

Un film de Bobby Farrelly

Désuet mais enthousiaste

Dans un orphelinat tenu par des bonnes sœurs, trois bébés sont abandonnés sur le pas de la porte. Quelques années plus tard, devenus un trio de copains inséparables, Moe, Larry et Curly sèment la zizanie à l’institut, au grand désarroi des bonnes sœurs qui ne parviennent pas à leur trouver des parents. Mais lorsque l’orphelinat est menacé de fermer, les trois « stooges », alors adultes, n’hésitent à partir pour la ville afin de récolter l’argent qui pourrait le sauver. Ils se retrouvent alors mêlés à des aventures qui pourraient bien les rendre célèbres…

Trio mythique qui fit les beaux jours du cinéma américain des années 1930, les trois Stooges sont en revanche méconnus des Français. C’est sans doute ce qui explique la faible distribution du nouveau film des Frères Farrelly (seulement 11 salles dans l’Hexagone), également pénalisé par l’absence de notoriété de son casting. Coups de marteau sur la tête, poils de nez arrachés, rafales de claques et bruitages délirants en tout genre, tel est le registre humoristique des Stooges, trois benêts qui se disputent sans arrêt. Un style qui consiste donc principalement en des enchaînements de gags visuels, tous plus gratuits et idiots les uns que les autres, et que l’on associe spontanément à une époque révolue.

C’est là que le film des Farrelly, qui restitue cet état d’esprit sans chercher à le moderniser, s’avère borderline. Les premières minutes, où apparaît Larry David (célèbre comique juif new-yorkais que nous avons découvert dans « Whatever Works » de Woody Allen) grimé en bonne sœur (sic !) et grimaçant à la vue des trois bébés abandonnés, fait davantage penser à un film familial du mardi soir qu’à une comédie grinçante ou délirante. De plus, le parti-pris d’ancrer l’histoire dans un orphelinat perdu en pleine campagne instaure d’emblée une atmosphère old school assez déstabilisante, bien loin de l’esprit caustique d’un « Bon à tirer » ou d’un « Deux en un ». On en vient même à se demander, par moment, si le film n’a pas été réalisé au début des années 1990, d’autant que le casting, composé de visages inconnus (si ce n’est Jane Lynch, la chef des pom pom girls de la série Glee en total contre-emploi en mère supérieure) ne permet pas vraiment de se situer dans le temps.

Que tout doute soit levé : il s’agit bel et bien d’une production contemporaine, fruit d’un projet qui a mis 10 ans à voir le jour. C’est dire s'il tenait à cœur aux deux cinéastes ! Et si l'on fait abstraction de l’aspect désuet du film, il en ressort un réel enthousiasme, tant dans la mise en scène que dans l’interprétation des trois compères. Il ne se passe d'ailleurs pas une minute sans un gag, une série de catastrophes ou un clin d’œil aux séries TV américaines des années 90 (cf. le personnage de la brune volcanique ou de son beau-père avocat, sortis tout droit d'un épisode de Melrose place). Or malgré deux ou trois scènes véritablement hilarantes, comme la bataille de "pipi-stolets" avec les nouveau-nés d’une maternité, les gags assomment (c’est le cas de le dire) et épuisent quelque peu. L'exercice a beau être audacieux, le film est trop marqué culturellement et ne parvient jamais vraiment à susciter l’intérêt.

Sylvia GrandgirardEnvoyer un message au rédacteur

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