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TRAQUE À BOSTON

Un film de Peter Berg

La bravoure américaine sacralisée dans une reconstitution efficace et glaçante

Le 15 avril 2013, la ville de Boston célèbre le Patriots Day comme chaque année avec son grand marathon, où la foule s’amasse en nombre pour assister aux performances des coureurs. C’est le jour et le lieu qu’ont choisi deux jeunes garçons pour commettre un terrible attentat…

Depuis que Peter Berg a rencontré Mark Wahlberg, il semble à nouveau se passionner pour des sujets profondément ancrés dans une réalité tragique. Après "Du Sang et des Larmes" sur le conflit en Afghanistan et "Deepwater" sur l’explosion d’une plateforme pétrolière, le duo s’intéresse presque logiquement aux terribles attentats de Boston du 15 avril 2013, le comédien originaire de la ville étant très attaché à ses racines. Ce lundi de printemps, la ville de Boston célébrait le Patriots Day, jour férié très populaire où l’un des événements incontournables de ces festivités est le grand marathon. Enfants et parents se rendent en masse assister aux performances des athlètes, où on court autant pour gagner que s’amuser. À 14h50, deux bombes vont exploser, faisant 3 morts et 264 blessés.

La volonté du réalisateur est alors très claire : rendre hommage aux victimes mais également à toutes les personnes (secours ou forces de l’ordre) déployées sur le terrain. Pour parvenir à ses fins, le cinéaste va alors mêler des procédés très hollywoodiens à des séquences plus sobres et froides, créant des contrastes difficilement conciliables. À ce titre, la présentation des protagonistes est tout ce qu’il y a de plus grotesque : on nous les montre dans des saynètes insistant bien sur leur générosité et leur joie de vivre, les érigeant en stéréotypes des héros ordinaires. Néanmoins, l’introduction du grand héros, incarné évidemment par Mark Wahlberg, dénote, celui-ci se blessant en ouvrant une simple porte lors d’une opération. Endolori et usé, le personnage est à l’image de son pays, à bout de souffle, toujours debout mais terriblement meurtri par toutes les épreuves traversées.

La célébration des policiers ayant traqué les deux terroristes et l’hommage aux victimes vont ainsi cohabiter avec un pan plus brutal, où les faits sont exposés dans un silence assourdissant. Car, du moment où la première bombe retentit à l’épilogue, la tension ne baisse jamais d’un cran, bien au contraire. Délaissant totalement ses personnages (autre problème du film), Peter Berg s’intéresse à cette traque en elle-même, à la manière dont tous les habitants ont été mis à contribution, à la façon dont le FBI est à la fois la solution et une source de conflits. Parmi toutes ces séquences spectaculaires, l’une reste particulièrement en mémoire : dans une ruelle, les deux criminels se retrouvent pris au piège. Débute alors une scène de guérilla urbaine, intense et époustouflante, où la caméra virevoltante du réalisateur colle au plus près de l’action. Prenant aux tripes et habité de plusieurs scènes coups-de-poing, "Traque à Boston" est aussi passionnant dans sa reconstitution des événements ayant suivi l’attentant que profondément agaçant dans cette construction chorale artificielle et niaise.

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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