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TOUT EN HAUT DU MONDE

Un film de Rémi Chayé

À la hauteur de l'attente

1882, à Saint-Pétersbourg. Sacha, digne fille d'aristocrate russe, ne s'est jamais remise de la disparition de son grand-père Oloukine dans les glaces du grand nord. Découvrant un document qui semblerait prouver que les recherches ont été menées au mauvais endroit, elle déshonore son père lors d'une soirée organisée chez eux, en insistant trop auprès du Tsar à ce sujet. Buttée, elle décide de partir seule sur les traces du Davaï, le bateau de son grand-père, et tente d'embarquer clandestinement sur un navire...

Que dire de ce magnifique dessin animé français ? Que cela fait bien trois ans que nous avons découvert ce projet au Cartoon Movie, et que le pitch de base comme la beauté du graphisme nous ont donné envie de suivre sa conception pas à pas. Voilà le film terminé, projeté à l'occasion de la clôture des Toiles des mômes. Et le résultat est largement à la hauteur des espérances, invitant à l'aventure, offrant du dépaysement, apportant espoir et émotion, le tout bercé par la douceur d'une musique signée Jonathan Morali, et par un parti pris graphique gonflé, mais tout juste sublime.

La caractéristique principale du dessin est l'absence de traits de contours. Tout dans "Tout en haut du monde" n'est qu'ombrages, variations infimes des teintes, pour donner du relief, signifier un angle ou laisser entrevoir un visage. À partir d'un scénario en forme de quête, c'est à une nouvelle histoire de passage à l'âge adulte que le spectateur est convié. Recherchant son grand-père et le navire qu'elle sait échoué, Sacha cherche avant tout sa propre voie, sentant un instinct d'aventure prendre le pas sur sa vie d'aristocrate planquée.

Bien sûr, les décors enneigés et glacés convoquent tout un univers pour le spectateur, mais c'est la contemplation qui l'emporte au final, comme lors de la scène de la tempête de neige. Le message sur la nécessité d'aller de l'avant est amené avec finesse, à l'image de l'humour qui pointe par moments en filigrane. L'année 2016 commence donc sous les meilleurs cieux pour le cinéma d'animation français, avec cette perle signée du premier assistant-réalisateur de Jean-François Laguionie sur "Le Tableau", et dont l'héroïne aux traits fins prend, ici, la douce voix de Christa Théret.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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