Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

TON ABSENCE

Une bonne comédie, légèrement trop conventionnelle pour son sujet

Guido est un artiste en mal de reconnaissance qui s'imagine devenir un des membres de l’avant-garde italienne. Malheureusement pour lui, ses œuvres ne connaissent pas le succès escompté, et en plus, il doit faire face à sa femme extrêmement jalouse. Au milieu de ces conflits amoureux, se trouvent deux enfants assistant sans répit aux chamailleries de leurs parents…

Daniele Luchetti, à qui l’on doit notamment "Le Porteur de serviette" sur la corruption politique de l’Italie des années 80, s’intéresse une nouvelle fois à un moment particulier de sa terre natale. Cette fois, il est question de la libération sexuelle et des mœurs sociales qu’a connue le pays dans les années 70. À travers le prisme de son propre récit autobiographique, le cinéaste nous dresse la chronique d’une époque de controverses et de contestations, où les libertés artistiques et amoureuses subitement acquises ne sont pas sans conséquence.

Mais au lieu d’opter pour la fresque sociale, le réalisateur a préféré circonscrire son scénario à la sphère de l’intime, plaçant ses réflexions au cœur d’une famille dysfonctionnelle. Guido est un artiste connu mais pas encore reconnu qui aspire à devenir l’un des fers de lance de l’avant-garde italienne. Néanmoins, en dépit de son talent, l’inspiration s'avère pour lui beaucoup plus difficile à trouver lorsqu’on doit supporter les caprices d’une femme hyper-jalouse et possessive, tout en s’occupant de deux enfants. Et c’est à travers le regard de ces derniers, et la voix de l’aîné, que le spectateur découvre les relations conflictuelles de ce couple. Les cris sont fréquents, les pleurs quotidiens, et les enfants tiraillés au cœur de ces embrouilles hebdomadaires.

Si le film assume parfaitement son aspect comique, l’humour venant le plus souvent du personnage de Serana (Micaela Ramazzotti parfaite), archétype de la "Mama" italienne, on aurait toutefois apprécié un peu plus de profondeur. Car en souhaitant s’intéresser aussi bien au monde de l’Art et des critiques qu’à l’émancipation de la femme, on s’attendait à une réflexion plus poussée, ces thèmes étant finalement uniquement traités de manière superficielle comme des leviers burlesques. Le réalisateur nous offre finalement une œuvre bien trop conventionnelle pour véritablement retranscrire le sentiment d’évasion qu’il souhaitait capturer.

Titubant, le métrage alterne alors des séquences formatées et peu intéressantes avec des saynètes colorées loufoques bien plus captivantes. La mise en scène inspirée, la photographie léchée, et le casting parfait permettront aisément de ravir le spectateur, mais ne parviendront pas à lui faire oublier les espoirs du grand film entrevu par moment. En polissant son œuvre, Daniele Luchetti nous offre un bon cru, mais sans caractère. Que de regrets…

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

Laisser un commentaire