Banniere_11_films_de_separation_Saint_Valentin

TOM MEDINA

Un film de Tony Gatlif

Un western camarguais trop foutraque

Sur décision d’un juge pour mineurs, Tom Medina est envoyé auprès d’un tuteur, Ulysse, gardien de taureaux et de chevaux en Camargue…

Tom Medina film movie

La première scène provoque un rire franc et il sera loisible de rire à nouveau par la suite, notamment grâce aux touches burlesques dignes d’un Kusturica, avec qui Gatlif partage un goût pour la tragi-comédie, là encore à l’honneur pour ce "Tom Medina". Le côté western, transposé en Camargue, est également alléchant dans cette ouverture solaire à la folie communicative. Mais rapidement, patatras ! Gatlif s’emmêle les pinceaux dans un film pagaille au possible, qui ne fait qu’effleurer tous les aspects qu’il propose.

Décousu, avec des scènes qui semblent interrompues en plein vol au profit d’une transition brutale vers autre chose, "Tom Medina" suit maladroitement son héros, interprété par un David Murgia tantôt drôle tantôt agaçant, paraissant forcer son jeu, toujours en représentation pour séduite le public comme les protagonistes auxquels il fait face. Avec son vague air de Jean Dujardin, on a parfois l’impression de voir Brice de Nice exilé en Camargue ! Ajoutons qu’il n’est guère crédible, à plus de 30 ans, dans le rôle d’un jeune paumé qui n’a théoriquement pas encore 18 ans.

Que voulait vraiment faire Tony Gatlif dans ce long métrage partiellement inspiré de son propre vécu ? Aucune des pistes n’est approfondie, que ce soit la volonté du héros de travailler dans le milieu de la corrida, ses souffrances dues à son passé, ou encore sa relation avec les nouvelles rencontres qu’il fait (notons au passage que Suzanne Aubert est largement au-dessus du lot en termes d’interprétation et que Slimane Dazi déçoit beaucoup, se montrant incapable d’offrir un caractère homogène à son personnage, trop dur ou trop doucereux selon les scènes). À tout cela, s’ajoutent des aspects mystico-fantastiques à la limite de l’expérimental, avec un désir là aussi brouillon d’évoquer les superstitions les plus diverses.

Outre l’humour, le film est sauvé du naufrage par la chaleur de son image, par des séquences qui, ponctuellement, ravissent, ou par la bande-son, une nouvelle fois entraînante chez Gatlif, mêlant ici la musique gitane de Nicolas Reyes (le chanteur des Gipsy Kings) et le metal pop de l’actrice et musicienne Karoline Rose Sun (dont le rôle méritait un développement plus ample). Pour celles et ceux qui ont eu la chance de découvrir "Tom Medina" au Cinéma de la Plage durant le Festival de Cannes 2021, nul doute que le concert qui a précédé la projection laissera plus de traces que le film lui-même !

Raphaël JullienEnvoyer un message au rédacteur

BANDE ANNONCE

Laisser un commentaire