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THINGS PEOPLE DO

Un film de Saar Klein

Mensonges en cascades

Un agent en assurances qui s'occupe de sinistres prétend avec obtenu une promotion alors qu'il a été renvoyé. Chaque matin il fait semblant de se rendre au travail...

La crise n'en a pas fini d'inspiré le cinéma américain, avec ce petit film indépendant centré sur un chômeur qui tente de donner le change auprès des siens, s'enfermant de lui même dans une spirale infernale, aux rouages suicidaires évidents. C'est Wes Bentley (« American beauty ») qui interprète le rôle principal de ce thriller apathique, aux relents délicieusement amoraux pour qui voit en la crise une injustice profonde.

Découvert dans la section Panorama du Festival de Berlin 2014, le film aborde la fuite en avant d'un père contraint au mensonge pour masquer son licenciement, plongeant son personnage dans un chaos intérieur profond, le montrant prêt à tout pour sauver les apparences et continuer à rembourser le prêt de sa maison. Critique non dissimulée du rêve américain, le film s'ouvre sur la représentation d'une image de bonheur (les pourtours d'une piscine aux abords d'une villa aux portes du désert) pour se clôturer sur une autre.

Entre temps, c'est au dérèglement du quotidien de ce jeune homme le cou enserré dans sa chemise que l'on va assister, s'agaçant avec lui dans son sentiment d'infériorité face à un beau-père plein aux as, compatissant à sa peur de l'humiliation face à son fils et sa femme, approuvant son ambition de faire les choses correctement malgré tout, et tremblant pour lui face à ce flic dont il aura fait la connaissance au bowling et admirateur de la détermination des fuyards (il regarde les émissions de télé réalité sur les poursuites policières), qui pourrait bien le démasquer.

Portrait peu dynamique d'un homme brisé qui refuse de déclarer forfait, « Things people do » nous questionne au final sur nos propres limites, et sur la responsabilité de chacun face aux siens. Un film qui souligne l'importance de la cohésion familiale et de la confiance entre époux, et qui semble militer en faveur des petits face aux grands et à un système qui leur est tout acquis. Reste que la fin ouverte, n'assume pas vraiment ce discours en laissant le choix à la conscience du spectateur.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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