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THE SOUVENIR – PART II

Un film de Joanna Hogg

La parfaite conclusion d’un projet d’une grande classe !

Après une relation compliquée avec Anthony, Julie cherche aujourd’hui à comprendre ce qui s’est joué dans cet amour passionnel, et notamment les raisons de son échec. Elle va alors décider de dédier son film de fin d’études à sa propre histoire…

The souvenir - part 2 - film movie

La première partie de "The Souvenir" se terminait par une voix-off nous indiquant qu’Anthony n’appartenait plus à la réalité. C’est précisément au pouvoir de la fiction, de l’imaginaire, auquel va s’intéresser ce second volet. La relation conflictuelle entre Julie et ce bellâtre manipulateur se conjugue désormais au passé, le temps de la reconstruction est arrivé. Mais comment faire pour oublier ? Comment se remettre d’un amour si fusionnel et passionnel ? En cherchant ses propres réponses, la protagoniste va trouver un moyen atypique d’affronter ses souvenirs et de se poser ces questions qu’elle refusait d’affronter : consacrer son film de fin d’études à sa propre histoire. Le début d’une mise en abîme cinématographique qui célèbre aussi bien la puissance des sentiments que l’art subtil de la création artistique.

Dès son titre, hommage à un tableau de Jean-Honoré Fragonard, l’œuvre de Joanna Hogg assume pleinement sa volonté d’oublier le réel pour se focaliser sur des sensations, des couleurs pastel pour sublimer des moments de vie et les tourments qui en découlent. Inspiré de sa vie, ses deux films sont une plongée lyrique au cœur de la psyché d’une femme éperdument amoureuse, avec ce que cela implique de candeur, d’oublis et de mémoire trouble. Mais ce métrage-là nous invite déjà dans l’étape d’après, lorsque les illusions se sont effondrées, lorsque les œillères tombent pour révéler un constat brutal sur la toxicité d’un couple. Et le drame d’ériger le cinéma en thérapie, soulignant avec pudeur et respect la manière dont le 7ème Art est devenu un exutoire salvateur pour la réalisatrice.

Si les deux opus de ce diptyque peuvent se voir indépendamment, il y a évidemment un intérêt à les regarder de rang, simplement pour observer la virtuosité avec laquelle Joanna Hogg manie les différentes tonalités, nous baladant du réalisme social à une poésie rare sur grand écran, car dénuée de toute artificialité. Là où cette entreprise méta aurait pu être emplie de snobisme, elle est au contraire criante de sincérité, réussissant le mariage quasiment impossible entre formalisme et émotion. Exercice de style passionnant, cette suite confirme également tout le bien que l’on pensait d’Honor Swinton-Byrne, éblouissante dans le rôle principal (quand on sait qu’elle est la fille de Tilda Swinton, on aurait presque envie d’en appeler au vieux dicton « des chats qui ne font pas des chiens »). Sans aucun doute, l’une des expériences à ne pas rater en ce début d’année !

Christophe BrangéEnvoyer un message au rédacteur

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