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THE PLACE

Un film de Paolo Genovese

Une réussite, aussi maline qu’inattendue

Depuis sa table de bar, un homme, dont on ne connaîtra jamais le nom, garantit à ceux qui viennent le voir la réalisation de leur vœu le plus cher. Mais rien n’est gratuit. Chaque vœu nécessite une contrepartie, dictée par un grand agenda dans lequel l’homme mystère note religieusement ce que ses « patients » lui racontent…

The place film image

Ce film est une très grande surprise. Passé complètement inaperçu et très mal vendu, "The Place" est loin du carcan intellectuel et psychanalytique dans lequel on pourrait vouloir le ranger. Bien au contraire, ce film, malgré son aspect très théorique : un huit clos et un protagoniste qui ne quitte jamais la table du bar à laquelle il est assise, le film est hautement incarné et vivant.

En effet, Valerio Mastandrea donne corps à ce « docteur de l’âme » mystérieux, que nombre de patients viennent consulter. Chacun existe quelques minutes à l’écran, le temps d’exprimer son souhait et de se voir confier la mission conduisant à sa réalisation. Suivent alors des rendez-vous plus ou moins quotidiens visant à tenir informé le « docteur ».

Le spectateur, au départ au même point que les personnages, éprouve un sentiment jubilatoire quand, de la vision de tous les patients, il commence à comprendre que certains cas ne sont pas aussi indépendants que l’on aurait pu le penser. Pensant ainsi entrer dans les arcanes du pouvoir et avoir percé à jour le « docteur », l’audience n’a plus qu’à comprendre qui il est et pourquoi il fait cela. Le tour de force est de faire tenir le spectateur sur ces prémisses, car ayant mis à jour un de ses secrets, chacun se pense capable de le percer à jour et de voir ce que tous jusqu’ici ont manqué. Chacun pense être capable de comprendre et être plus malin que cet homme secret, fatigué, assis au coin d’une table. Chacun pense pouvoir deviner quelle sera la nouvelle mission pour que le prochain souhait s’accomplisse. Chaque session apporte un peu plus, des échéances sont posées, le rythme s’accélère. Entre elles s’insèrent des séquences plus intimes avec ce qui semble être la tenancière du bar, Angela. Une course contre la montre est lancée : saura-t-on qui il est, avant qu’il ne soit trop tard ?

Ce film est une vraie réussite, disposant d’un scénario de qualité, adapté avec succès. La mise en scène reste très classique, mais tient la route et n’est nullement lassante, ce qui s’avère un tour de force quand on sait que l’action se situe dans un lieu unique, que le personnage principal est présent dans presque tous les cadres et qu’il est toujours assis. Ce qui pèche peut-être le plus est le montage. Le film n’est en effet pas très fluide et les transitions manquent parfois de rythme. C’est à l’échelle macroscopique, entre les séquences, que le film souffre. Chaque séquence fonctionne très bien en elle-même. Les champ contre champ viennent dynamiser une action qui en soi serait assez plane. En effet, le film se focalise sur deux personnes qui parlent, sans jamais que les effets soient lassants ou se répètent par manque de créativité. On notera également un beau travail sur la lumière qui vient aider la différenciation des personnages et le spectateur à mieux saisir le passage du temps. Chacun a ainsi son atmosphère.

"The Place" est donc un film malin avec un scénario malin, mais qui ne se croit jamais plus fin que son spectateur, au contraire. Et si le surnaturel semble être, pendant une grande partie du film, la seule explication possible à ce qui se passe, le réalisme magique s’impose pendant un temps, pour à son tour se retirer dans un fin correspondant parfaitement au reste du film, à la fois surprenante et parfaitement logique. Le film a l’intelligence de montrer qu’il y a peut-être autre chose, car aucune des actions conduisant aux vœux n’est irréalisable. Une grande réussite, complètement inattendue ! Un réalisateur-scénariste à suivre.

Thomas ChapelleEnvoyer un message au rédacteur

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