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LA ROMANCIÈRE, LE FILM ET LE HEUREUX HASARD

Un film de Hong Sang-soo

Guerres d’égos à demi mots

Junhee, romancière rend visite en banlieue de Séoul à une amie devenue libraire, mais perdue de vue depuis un certain temps. La discussion s’enclenche sur le dernier roman de la première, l’exil en banlieue de la seconde, le fait qu’elle n’a pas donné d’avis sur le livre, et l’expérience d’actrice de la jeune voisine qui l’aide à la boutique…

The novelist's film film movie

Comme un clin d’œil ironique à ses fans (ou à ses détracteurs), dans le nouveau film du coréen Hong Sang-soo on boit… du café, et non pas du saké, sauf dans la dernière scène de repas, bien arrosé. En effet, dans nombre de ses films, ses personnages échangent lors de repas, buvant le fameux alcool, autour des choses du couple et du cinéma. On dira que pour le reste, les choses ne changent pas beaucoup, puisque l’on suit ici une romancière dans quelques rencontres, plus ou moins provoquées, en banlieue éloignée de Séoul, les relations étant cette fois-ci plutôt de l’ordre professionnel ou amical, mais impliquant tout de même les états des couples… d’autres personnages. Grand prix du jury au Festival de Berlin 2022, le film revêt un certain charme et se construit en critique légère de l’égo d’une héroïne, qui prend de plus en plus de place au fil du récit, mais aussi de l’hypocrisie générale qui règne dans le milieu du cinéma (mais aussi dans les milieux artistiques tout court).

L’action se déplace ainsi d’un lieu à un autre (la librairie, un musée, un parc, un restaurant, une salle de projection), Hong Sang Soo étant particulièrement économe en plans, la plupart du temps fixes (la scène à la librairie est composée d’à peine 3 plans). Alors que s’affirme progressivement l’envie de la romancière de faire un court métrage pour « capturer le lien entre deux personnes », chaque scène dévoile un peu plus de son expérience, face à des fans prétendant avoir tout lu de son œuvre, des compliments qui sonnent faux (sur le charisme que l’un ou l’autre dégage), des rivalités latentes ou sa frustration d’une collaboration avortée. Alors que le caractère nébuleux de son projet s’affirme de plus en plus, les scènes finales viendront confirmer la superficialité des rapports d’un milieu artistique où chacun cherche à laisser son empreinte, peu importe la qualité du projet ou l’intérêt de ce qu’il a à raconter.

Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur

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