LE TEMPS DU LOUP
La fin du monde vue par le réalisateur de Funny Games : ennuyeux
On le sait depuis pas mal d'années, le cinéma de Michael Haneke est un cinéma qui cherche à provoquer des sensations, jouant souvent sur l'indignation face au réel, que le spectateur finit par ressentir au plus profond de lui. Cela fonctionnait formidablement, dans Funny Games, ou dans Code Inconnu, par le biais de la gratuité de diverse agressions, ou dans La pianiste, avec les perversions incompréhensibles d'une femme qui recherche la souffrance. Ici, certes, Haneke joue sur les mêmes cordes sensibles, avec l'agression du début, mais cela n'a pas par la suite l'effet escompté.
Car le rythme du film retombe immédiatement dans une sorte de quête languissante d'un contact humain. La catastrophe, sorte d'apocalypse, que l'on pressent n'est quasiment jamais évoquée, et le fort judicieux rendu de l'obscurité retrouvée d'un monde sans source d'énergie, finit par agacer plus que rendre curieux. L'ennui naît peu à peu de ces rencontres frontales, au détriment d'un discours sur le retour de l'homme à l'état sauvage et à sa vraie nature de Loup. Heureusement, l'arrivée dans une sorte de camp de réfugiés, du couple de meurtriers du début, redonne un peu de tension dramatique, à un récit qui s'embourbait rapidement dans une forme réaliste mais pénible.
En comptant sur ses interprètes pour générer du mouvement, Haneke a redonné son rôle principale à Isabelle Huppert, éblouissante en femme combative mais perdue, et laissé libre cours à la puissance bestiale d'un Olivier Gourmet autoritaire chef de meute reconstituée. Un film une nouvelle fois sans concession, et dénué de lueurs d'espoirs, mais dont la conclusion et les injustices répétées, restent gravées dans la mémoire, comme une vision de l'apocalypse des plus proches du possible.
Olivier BachelardEnvoyer un message au rédacteur